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À chaque fête de Tabaski, ce sont des centaines de milliers de moutons qui sont sacrifiés à travers le Sénégal. Si cette célébration revêt une dimension religieuse et culturelle forte, elle entraîne aussi une gestion problématique des déchets, notamment celle des peaux de moutons. Jetées dans les rues, les poubelles, les caniveaux ou même les fosses septiques, ces peaux deviennent rapidement une source de pollution et de nuisances sanitaires. Pourtant, ailleurs dans le monde, ce que certains considèrent comme des déchets est transformé en opportunité économique. En Chine, une entreprise a mis en place un processus rigoureux de récupération et de transformation des peaux de moutons. Grâce à un traitement minutieux – nettoyage, tannage, séchage et couture – ces peaux sont converties en couvertures ou draps de qualité, ensuite commercialisés sur le marché local et international.

Une ressource sous-exploitée au Sénégal

Malgré le potentiel, très peu d’initiatives locales existent au Sénégal pour valoriser ces peaux après Tabaski. Faute d’infrastructures adéquates, d’organisation ou simplement de sensibilisation, cette matière première est systématiquement gaspillée. Selon certaines estimations, plus de 800 000 moutons sont égorgés chaque année pour l’Aïd el-Kébir au Sénégal, ce qui équivaut à autant de peaux perdues.

Un manque à gagner pour l’économie locale

L’industrie du cuir, si elle était bien structurée, pourrait générer des revenus et créer de nombreux emplois, notamment dans les secteurs de l’artisanat, du textile ou du mobilier. Des pays comme l’Éthiopie, le Maroc ou encore la Tunisie ont développé une véritable industrie autour de la transformation des peaux animales. Le Sénégal dispose donc d’un potentiel inexploité qu’il pourrait mettre à profit.

Un exemple à suivre

La démarche de l’entreprise chinoise, visible dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, montre qu’il est possible de transformer une pratique religieuse en opportunité économique durable. La collecte organisée, le traitement industriel et la revente de produits finis à base de peaux de moutons pourraient représenter un modèle duplicable au Sénégal.

Vers une économie circulaire ?

En s’inspirant de cette initiative, le Sénégal pourrait amorcer une transition vers une gestion plus intelligente et durable des déchets liés à la Tabaski. Cela nécessiterait un engagement des autorités locales, des acteurs privés, mais aussi une campagne de sensibilisation auprès de la population. Au lieu de jeter, pourquoi ne pas valoriser ? La réponse pourrait bien se trouver de l’autre côté du globe, mais son application ici n’en serait que plus pertinente.