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Cheikh Niass est au centre des débats ces dernières heures. Sa prise de parole après sa rencontre avec Macky Sall au Palais de la République fait tilt. La licence de Walf Tv avait été retirée par l’État le 4 février 2024, après l’annonce du report de l’élection présidentielle du 25 février par le président Macky Sall. En réponse, le Président directeur général du groupe Walfadjri avait décidé de devenir apatride. « J’ai décidé de renoncer à ma nationalité sénégalaise », s’était justifié Cheikh Niass, « chacun doit prendre ses responsabilités et moi je prends les miennes. Je ne reconnais plus ce pays ». Malgré cela, l’héritier de Sidy Lamine Niass a changé ce discours jugé « excessif » par un discours beaucoup plus modéré suite à sa rencontre avec le chef de l’État Macky Sall et quant au retour du signal de Walf.

« Cheikh Niass est un homme d’affaires et il a compris… »

Une communication qui fait douter. Pour l’analyste politique Ibrahima Bakhoum, « Cheikh Niass est un homme d’affaires et il a compris qu’il ait pu commettre quelques erreurs dans sa communication antérieure à la restitution de sa licence ». Cette rencontre a permis le rétablissement du signal de la télévision du défunt Sidy Lamine Niass. Une fois faite, ce sera certainement une décrispation et un soulagement pour les téléspectateurs et employés de ce groupe de presse. Seulement, les deux sorties du PDG de Walf font douter. « L’on peut comprendre qu’il était excédé, mais il y a une chose que l’on ne peut pas exclure aussi. Car, Cheikh Niass a beau être l’héritier de quelqu’un, le président d’un groupe important de médias, un avocat, malgré cela Cheikh Niass reste un jeune. Il a un discours de jeune et le discours de jeune est parfois excessif », est convaincu le journaliste analyste politique, Ibrahima Bakhoum. De son côté, Pape Amadou Fall pense que le groupe de presse de Walfadjri représente plus de 200 personnes. Et, lorsqu’on a des responsabilités, développe le journaliste, « on se doit de mesurer sa démarche et de défendre surtout son entreprise. Cheikh Niass est certes à la tête du groupe Walf, mais cela ne doit pas lui permettre d’adopter n’importe quelle démarche. Le management est extrêmement exigeant. Et, après une semaine de fermeture, Walf a rouvert ses portes. Sa rencontre avec le chef de l’État devait lui permettre de lui dire ses vérités mais aussi écouter celles du président Macky Sall. Une nation est une approche consensuelle qui lui permet de bien exister. De la sorte, la communication est tellement importante que quand l’on fait des sorties, il faut savoir les canaliser, les mesurer ».

Cheikh Niass, une posture qui questionne

Le contexte de la sortie de Cheikh Niass réside dans une précédente demande du ministère à Walfadjri d’arrêter la diffusion de l’édition spéciale, portant sur des manifestations contre le report de la présidentielle. Une demande que le groupe a refusée. Selon le PDG du groupe de presse, « ce n’est pas au ministère de demander qu’on arrête une émission ou de décider de couper le signal d’une télévision ». S’en est suivi la coupure du signal de Walf Tv. Très en colère, Cheikh Niass a annoncé son renoncement à sa nationalité sénégalaise. Ce qui est pour Makhtar Sarr « une communication non maîtrisée ». Ainsi, se questionne le politologue, « l’on se demande bien si Cheikh Niass est un opposant face à Macky Sall ou s’il est un responsable d’un groupe de presse. Son rôle par définition, c’est tout simplement quelqu’un qui doit informer juste et vrai et s’en arrêter là. Mais, ces dernières sorties montrent tout simplement que c’est quelqu’un qui va au-delà de ses prérogatives ». Il n’appartient pas du point de vue de l’analyste politique Makhtar Sarr « à être sincère contre le combat ou les dérives du régime en place. C’est un journaliste et un journaliste n’a pas à être pour ou contre. Son objectif et son rôle, c’est d’informer les populations de ce qui se passe dans le monde en respectant les règles et la déontologie journalistique ».

Ricochets sur le groupe de presse

Après l’annonce de l’établissement du signal de la télévision Walfadjri, Cheikh Niass a ainsi réagi en remerciant le président Macky Sall et le Premier ministre. Un volte-face selon certains Sénégalais. Mais pour Ibrahima Bakhoum, si Cheikh Niass décide après ce discours « de retourner à de meilleurs sentiments, et ce dit bon le réalisme oblige, il ne peut rien faire contre l’État, car le rapport de force ne lui est pas favorable. S’il décide de retourner à de meilleurs sentiments, il le fait c’est tout. Ce n’est pas la première fois qu’une signal d’une télévision soit suspendue ». Critiqué depuis sa dernière sortie, après avoir rencontré le président Macky Sall, l’on s’interroge si le recul de Cheikh Niass puisse avoir des répercussions négatives sur le groupe de presse. « Je ne pense pas qu’il y aurait des conséquences significatives », a répondu Makhtar Sarr avant d’ajouter, « moi je fais la différence entre Cheikh Niass et Walfadjiri. Le peuple est surtout attaché à cette institution de presse. Par contre, je trouve les sorties de Cheikh Niass maladroites et cela peut jeter le discrédit sur sa personne. Parce qu’il fait des communications qui ne sont pas en phase avec la ligne originelle du groupe Walfadjiri ».