Le chroniqueur Ameth Ndoye a été placé en garde à vue pour infractions routières, suite à des accusations de défaut de permis de conduire ainsi que de faux et usage de faux. Des vérifications effectuées auprès du service des Mines ont révélé qu’un autre conducteur est le titulaire du permis de conduire d’Ameth. Cette affaire soulève à nouveau la question de la corruption dans la délivrance des permis de conduire. Le chroniqueur de Sen TV, Ameth Ndoye, s’est retrouvé au cœur d’une affaire médiatique après avoir été interpellé par la gendarmerie de Sébikotane. Son arrestation fait suite à un accident corporel dont il a été responsable à Sébikotane. Lors d’un contrôle par les gendarmes, il a déclaré avoir laissé son permis de conduire chez lui et a promis de revenir le déposer, ce qu’il n’a jamais fait. Convoqué ce jeudi, Ameth Ndoye ne s’est pas présenté. Avant ces faits, le chroniqueur de Sen TV, dans une tentative de se couvrir, avait déposé auprès des brigadiers une attestation selon laquelle « son permis aurait été confisqué pour défaut de port de ceinture ». Cependant, il s’avère que le numéro mentionné dans le document, censé être celui de son permis, est inconnu du service des Mines. Il semble donc qu’il s’agisse d’une attestation de complaisance délivrée par une connaissance pour le tirer d’affaire.
Permis biométrique : un niveau de corruption insoupçonné
D’ailleurs, une enquête est déjà en cours à ce sujet, puisque l’attestation porte le cachet du commissariat de la Médina. Cependant, la chaîne de la corruption est bien plus complexe et se déroule principalement au service des Mines. Malgré un manque de compréhension du code de la route, de nombreux Sénégalais parviennent à se procurer le précieux sésame grâce à la corruption. Cela se produit même après la modernisation de l’administration des transports routiers et de la gouvernance des titres de transport par les autorités en août 2018. Cette initiative, dénommée « Capp Karangë », vise notamment à numériser et sécuriser les titres et autres documents de transport, à produire et personnaliser des permis infalsifiables, et à doter les forces de l’ordre de matériels de contrôle de haute technologie. Cependant, la corruption persiste. Pourtant, les règles sont claires. Officiellement, toute personne résidant sur le territoire sénégalais et âgée d’au moins 18 ans peut demander un permis de conduire pour véhicule léger. Pour cela, elle doit se munir de quatre photos d’identité, d’un certificat de résidence, d’une pièce d’état civil ou d’une copie certifiée conforme de la carte nationale d’identité, d’un timbre fiscal de 10 000 F CFA, d’un timbre de délivrance de 10 000 F CFA, d’un certificat médical d’aptitude à la conduite automobile, et d’un certificat attestant du groupe sanguin. Or, la tricherie et la corruption sont encore plus présentes dans le secteur de la délivrance des permis de conduire. Avant cela, entre le candidat, les moniteurs et les organisateurs, un degré très élevé de corruption règne en maître. L’inconduite est le terme qui convient le mieux dans cette situation. Le modus operandi est simple : les organisateurs font échouer le maximum de candidats au test dit « créneau », les incitant à verser une somme de 20 000 F CFA. Face au taux de mortalité croissant sur les routes, les responsabilités sont à chercher parmi tous ces acteurs, sans oublier le service des Mines, qui gère l’immatriculation, les visites techniques des véhicules et la délivrance des permis de conduire.
Le secteur des transports miné par la corruption
Toutefois, Kangue Niang assure que « les personnes impliquées dans la corruption des permis de conduire ne travaillent même pas au service des Mines. Elles se trouvent aux alentours avec leur matériel. Mais avec les permis biométriques, on ne peut pas obtenir un faux permis ». Concernant le cas d’Ameth Ndoye, l’assistante au bureau de liaison de la visite technique affirme n’avoir pas vu de permis de conduire appartenant à Ameth Ndoye. « J’ai seulement vu l’attestation qui lui a été délivrée, où figure son nom et un numéro de permis. Or, ce numéro de permis n’appartient pas à Ameth Ndoye. Ce genre de cas est récurrent au service des Mines, car la personne n’a pas passé d’examen de conduite ni d’enrôlement. J’ignore donc ce qu’a fait M. Ndoye pour obtenir son permis. Il arrive parfois que des individus se retrouvent dans des situations similaires. S’ils sont paresseux pour passer les examens, ils cherchent à obtenir un faux permis », argue Mme Cissé. La numérisation du permis de conduire s’inscrit dans le cadre global de la modernisation de l’Administration des transports, initiée par la Direction des transports routiers. Or, même avec la mention du groupe sanguin sur le permis biométrique, la corruption demeure. En guise de solution, Kangue Niang préconise le démantèlement du réseau. Elle soutient que « si Ameth Ndoye est poursuivi, il révélera d’où il a obtenu son attestation ».