Les mesures d’austérité annoncées par le Gouvernement ne s’avèrent pas être, selon des spécialistes en économie et management stratégique, la voie idéale, dans le contexte actuel, pour sortir le pays de la « ruine » économique, car elles auront des conséquences sociales négatives. Pour eux, d’autres alternatives pourraient s’offrir au duo Diomaye-Sonko pour avoir plus de marges de manœuvre budgétaire et financière.
La situation économique et financière tendue mettant le pays en « ruine » est une équation à plusieurs inconnues à résoudre, et cela au plus vite. Le Gouvernement conduit par le Président Bagsirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko doit user d’un stratagème managérial pointu pour trouver de nouvelles marges de manœuvre budgétaire et financière. Et cela pour matérialiser son ambition de faire du Sénégal une Nation souveraine, juste, prospère et ancrée dans des valeurs fortes. Surtout, il faut éviter de précipiter le pays vers un chaos social avec son Plan d’austérité visant à revoir à la baisse les salaires (des ministres, des directeurs généraux…), à supprimer les exonérations et les subventions sur l’électricité, le carburant (forfait accordé à certains grands services) et l’eau. Selon des spécialistes, plusieurs voies ou alternatives s’offrent aux tenants actuels du pouvoir pour soulager les populations.
Des conséquences sociales alarmantes
Pour Birahim Guèye, Professeur titulaire des Universités en Management stratégique, la volonté du Gouvernement visant essentiellement à baisser des salaires et à supprimer des subventions n’est pas forcément une bonne chose dans le contexte sénégalais actuel. Il souligne que le salaire, dans la culture sénégalaise, ne bénéficie pas seulement à l’individu mais aussi à sa famille et à sa communauté. Une réduction des salaires pourrait donc provoquer une régression économique et des tensions sociales, comme en témoigne la montée des contestations syndicales.
Dr Thiemo Thioune, Maître de Conférences Titulaire à la Faculté des Sciences économiques et de gestion (Faseg), reconnaît que les mesures d’austérité peuvent être nécessaires pour équilibrer les finances publiques et rassurer les investisseurs. Cependant, il met en garde contre leurs répercussions sociales. En effet, la baisse des salaires et le gel des augmentations affaiblissent le pouvoir d’achat des fonctionnaires, qui jouent un rôle clé dans l’économie locale. Or, dans un pays où l’État est un acteur économique majeur, cette situation pourrait ralentir la croissance et accentuer les difficultés des ménages.
L’importance de la diplomatie économique
De plus, selon certains analystes, les nouvelles autorités n’ont pas opéré de rupture dans la gestion budgétaire. Elles ont certes remplacé les dirigeants, mais ont maintenu les mêmes instruments budgétivores. Pire, certaines dépenses comme celles de l’Assemblée nationale et de la Présidence de la République ont même été revues à la hausse. Cette contradiction interroge sur la volonté réelle du pouvoir de réduire le train de vie de l’État.
Pour le Professeur Birahim Guèye, une alternative viable serait d’orienter les ressources vers des investissements publics stratégiques. Il préconise des investissements dans des secteurs à fort potentiel de croissance, comme la transition écologique et énergétique. Plutôt que de réduire les dépenses sociales, le Gouvernement devrait explorer des pistes comme l’élargissement de l’assiette fiscale afin d’augmenter les recettes publiques sans pénaliser les citoyens.
En parallèle, le Sénégal doit renforcer sa diplomatie économique en explorant des opportunités de financement auprès des institutions internationales et des partenaires stratégiques comme les pays du Golfe. Un leadership économique clair et une vision stratégique bien définie permettraient d’éviter l’austérité brutale et d’ouvrir de nouvelles perspectives de développement.
Enfin, relancer l’économie passe par le soutien aux entreprises privées. Selon le Professeur Guèye, la politique actuelle crée une incertitude qui freine l’investissement et décourage les entrepreneurs. Il est donc crucial d’accompagner les entreprises dans leur développement pour générer des emplois et stimuler l’innovation, sous peine de voir l’économie sénégalaise plonger dans une crise encore plus profonde.