fotojet 26 - Senenews - Actualité au Sénégal, Politique, Économie, Sport

Le chef de la Mission du Fonds monétaire international (FMI) au Sénégal, Edouard Gemayel, a annoncé hier lors d’une conférence de presse que le pays pourrait recevoir un décaissement substantiel de près de 230 milliards de FCFA vers la mi-juillet. Cette annonce intervient dans le cadre du programme économique 2023-2026 du Sénégal, qui bénéficie du soutien du FMI à travers divers mécanismes de crédit. Selon Edward Gemayel, cet accord fait partie de la deuxième revue du programme économique et financier, appuyé par le Mécanisme élargi de crédit (MEC), la Facilité élargie de crédit (FEC) et la Facilité de résilience et de durabilité (FRD). « A l’issue de l’examen du Conseil d’administration du FMI, le Sénégal aura accès à 230 milliards de FCFA », a précisé Edward Gemayel, soulignant l’importance de cet apport financier pour soutenir la croissance et la stabilité économique du pays. Le programme 2023-2026, d’un montant total de 1150 milliards de FCFA, vise à renforcer les fondements économiques du Sénégal tout en répondant aux défis structurels et aux besoins de développement. Ce décaissement prévu représente une étape cruciale après le premier versement de 169 milliards de FCFA effectué lors de la première revue concluante du programme. Cependant, Edward Gemayel a également noté un aspect préoccupant concernant le financement excédentaire résultant de l’émission récente de l’Eurobond par le gouvernement sénégalais. « Le gouvernement a plus de liquidité qu’il en a besoin », a-t-il souligné, suggérant que le FMI travaillait en étroite collaboration avec les autorités pour orienter ce surplus de financement vers des opérations de gestion de la dette et de la liquidité.

L’ombre du nouveau régime sur la gestion du duo Diomaye – Sonko

Pour Assane Samb, chroniqueur politique de SeneNews, ce retard dans le décaissement prévu du FMI a contraint les autorités sénégalaises à recourir à une émission d’Eurobond de 453 milliards de FCFA sur les marchés financiers internationaux. Cette décision, prise pour combler le déficit temporaire de liquidités, a suscité des critiques quant à la gestion financière prudente du pays. « Le Sénégal accumule un montant financier global supérieur à ses besoins immédiats », a commenté Assane Samb, soulignant les implications d’un sur-financement mal anticipé. Il a exprimé des doutes quant à la gestion de cette émission, suggérant une possible méfiance persistante envers les arrangements financiers précédemment conclus sous l’ancien régime. « Le pays a plus de liquidités qu’il n’en a besoin. Il doit donc utiliser ce surfinancement pour des opérations de gestion de ce surendettement. Une situation qui ne s’explique pas du tout, car elle signifie que la dernière levée de fonds sur le marché financier international, avec l’aide de JP Morgan Chase GC, ne se justifiait pas. Le principe de précaution ou d’anticipation ainsi observé était dû à un mauvais calcul. Il pourrait également s’expliquer par le fait que Diomaye et Sonko n’avaient pas totalement confiance dans l’opération qui avait été négociée et ficelée par l’ancien régime, et que ces autorités doutaient de la bonne foi du FMI qui, pourtant, lors d’une récente mission à Dakar, avait donné des gages à ce sujet », analyse le chroniqueur politique de SeneNews. Assane Samb a ainsi noté un scepticisme persistant quant à la gestion transparente et efficace des fonds empruntés, surtout à la lumière des obligations croissantes du Sénégal envers ses partenaires internationaux, notamment dans le secteur de l’extraction d’hydrocarbures. Pour lui, « il est important que les nouvelles autorités suivent les conseils donnés par le FMI afin de juguler l’impact négatif d’un surendettement chronique et de réduire le surfinancement observé. Car l’argent du pétrole et du gaz ne suffira pas longtemps à éponger un endettement qui a également été observé dans nos relations avec les partenaires du Sénégal pour l’extraction de ces hydrocarbures. Le Sénégal doit des milliards à ces compagnies, en plus des dettes contractées sur le marché financier et auprès des institutions de Bretton Woods ».