Le Sénégal est-il au bord du gouffre ? Le rapport explosif de la Cour des comptes vient de lever le voile sur une gestion chaotique des finances publiques, révélant un endettement alarmant de 99,62 % du PIB. Une situation qui pourrait précipiter le pays dans une crise économique sans précédent. Faut-il craindre un nouveau plan d’austérité imposé par le FMI ? Des licenciements massifs, une flambée des prix, la fin des subventions… Les conséquences s’annoncent lourdes. Pourtant, certains experts appellent au calme. Qui dit vrai ? La vérité, elle, pourrait bien être plus inquiétante qu’on ne le pense…
Il ne faudrait pas se voiler la face, le rapport rendu public par la Cour des comptes incriminant une gestion catastrophique des deniers publics durant les cinq dernières années aura des conséquences sur notre économie. Et ces retombées néfastes, malheureusement, risquent de coûter très cher aux citoyens sénégalais, qui vont devoir supporter des mesures contraignantes exigées par les institutions financières internationales pour redresser la barre des dettes.
Avec un taux d’endettement estimé à 99,62 % du PIB, devrait-on avoir peur ? À cette question, les économistes ne sont pas unanimes. Certains sont plus optimistes que d’autres. « Vous savez que le taux d’endettement soutenable pour des États comme les nôtres se situe entre 80 et 90 % du PIB. Le PIB, étant le produit intérieur brut (PIB), est un indicateur économique créé en 1934 par Simon Kuznets, qui permet de mesurer l’activité économique au cours d’une année à l’intérieur d’un territoire donné. À l’origine purement marchande, il prend aujourd’hui partiellement en compte la production des administrations publiques. Il sera donc compliqué pour l’État de voir la quasi-totalité de ses ressources consacrées au paiement de ses dettes, et c’est à peu près ce qui est arrivé au Sénégal à l’heure actuelle. Je pense que les autorités n’ont pas beaucoup communiqué sur les conséquences de cette situation, qui risque de nous coûter très cher », fait savoir l’économiste Sakhir Ndiaye.
Des réformes inévitables et leurs impacts
Des jours sombres guettent les ménages sénégalais avec des réformes que les autorités seront obligées de prendre pour réajuster la situation. C’est une impérative, si l’on se fie aux propos de Tamba Danfakha, invité dans l’émission La Bonne Heure de SeneNews. « Le Sénégal avait connu une crise un peu similaire dans les années 90, ce qui avait poussé le FMI à imposer à Abdou Diouf, chef de l’État, le fameux plan de réajustement structurel. De la même manière, avec la situation actuelle, le FMI va imposer des règles à l’État du Sénégal. Déjà, on est en train de voir beaucoup de pertes d’emplois, et cela va s’accentuer dans les mois à venir. Il y aura aussi, sans nul doute, la levée de subventions, surtout sur les hydrocarbures, ce qui va entraîner une flambée des prix des denrées de première nécessité, des pertes d’emplois et des départs volontaires », prédit cet économiste et chef du parti politique UNP.
La situation est certes très délicate, mais elle reste gérable, selon l’économiste Moubarack Lo. « Vous parlez d’un taux d’endettement de plus de 99 %, mais vous savez que les États-Unis sont à un niveau d’endettement de plus de 120 % du PIB, la France est à presque 112 %. Est-ce que ces pays ne sont pas dynamiques sur le plan économique ? Il ne faut pas que ce régime dramatise la situation. Ce taux d’endettement ne doit pas empêcher ce gouvernement de travailler. Nous avons des leviers très solides maintenant avec l’exploitation des hydrocarbures. Même dans la communication du gouvernement, Al Amine Lo a bien précisé que la situation est toujours sous contrôle et que le Sénégal continue toujours de s’endetter. Alors, il faut mener des enquêtes et punir les fautifs, mais il n’y a rien d’alarmant », conclut le technicien en la matière.