Après avoir annoncé la dégradation de la note souveraine du Sénégal de B3 à Caa1, l’agence de notation Moody’s Investor Services a tenu à justifier sa décision, jugée sévère par les autorités sénégalaises. Dans un communiqué publié sur son site officiel, Moody’s explique que cette évaluation « reflète les risques accrus pesant sur la trajectoire de la dette et la liquidité du Sénégal depuis notre décision de notation de février 2025 ». Selon l’agence américaine, les dernières données économiques disponibles ont conduit à une réévaluation du niveau d’endettement du pays. « Un exercice de rapprochement ultérieur a conduit à une dette estimée à 119 % du PIB pour 2024, ce qui complique l’ajustement budgétaire pour une réduction durable de la dette », précise Moody’s, qui estime que cette situation fragilise les perspectives financières du pays à court terme. L’agence évoque également des « progrès plus lents que prévu » dans les discussions entre le Sénégal et le Fonds monétaire international (FMI) pour la mise en place d’un nouveau programme d’appui. Ce retard, selon Moody’s, « rend le gouvernement dépendant du marché régional, relativement coûteux, pour répondre à des besoins de financement élevés ». Cette dépendance accrue au financement intérieur et aux emprunts régionaux accroît, d’après l’agence, les risques de liquidité et « contribue à la détérioration de la capacité d’endettement » du pays. Enfin, concernant la perspective négative maintenue sur la note du Sénégal, Moody’s justifie ce choix par « les risques pesant sur la liquidité publique et la capacité du gouvernement à mobiliser durablement des ressources à coût modéré ». Malgré ces avertissements, l’agence reconnaît toutefois les atouts structurels du Sénégal, notamment « les avantages de crédit liés à son adhésion à l’UEMOA » et la stabilité relative de son cadre macroéconomique. Mais elle estime que « ces éléments positifs ne suffisent pas encore à compenser les vulnérabilités croissantes des finances publiques ».