
Les marchés financiers ont réagi négativement aux récentes déclarations du Premier ministre Ousmane Sonko sur la réduction des coûts de l’électricité et du carburant. Les euro-obligations souveraines du Sénégal ont en effet reculé cette semaine, reflétant une montée de la prudence — voire de la méfiance — des investisseurs internationaux quant à la trajectoire budgétaire du pays. Selon les données du marché obligataire, le titre sénégalais libellé en euros à échéance 2028 a perdu environ 2 centimes, tandis que celui en dollars à échéance 2033 a reculé de 1,43 centime. Cette baisse des prix se traduit mécaniquement par une hausse des rendements, signe que les investisseurs exigent désormais une prime de risque plus élevée pour prêter au Sénégal. À l’origine de cette nervosité : la volonté du chef du gouvernement de réduire les prix de l’énergie en renforçant les subventions publiques sur l’électricité et les carburants. Une mesure jugée socialement nécessaire par les autorités, mais considérée comme budgétairement risquée par les marchés. Cette orientation entre en contradiction avec les recommandations du Fonds Monétaire International (FMI), qui encourage le Sénégal à réduire progressivement ces subventions pour préserver la soutenabilité de ses finances publiques. La réaction des marchés intervient dans un contexte particulièrement délicat. Dakar est actuellement en pleines négociations avec le FMI pour la mise en place d’un nouveau programme de prêts. Or, le pays fait déjà face à un endettement élevé, aggravé par la découverte récente de dettes non déclarées laissées par l’administration précédente. Les investisseurs redoutent désormais que le maintien ou l’élargissement des subventions énergétiques ne fragilise davantage la discipline budgétaire du gouvernement et ne retarde les ajustements exigés par ses partenaires financiers internationaux.