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À l’heure où les indicateurs macroéconomiques s’essoufflent, l’équilibre budgétaire du pays montre des signes de fragilité. L’austérité budgétaire a atteint ses limites, et de plus en plus d’experts appellent à un changement de paradigme. La solution semble passer par un retour assumé à l’interventionnisme économique. C’est dans cette dynamique que s’inscrit le recours au multiplicateur keynésien, instrument théorique mais surtout pratique, conçu pour relancer l’activité économique par la stimulation de la demande globale. Le principe : toute dépense publique supplémentaire génère un revenu supérieur pour l’économie, entraînant un effet boule de neige sur la consommation et l’investissement. Selon le ministre des Financed et du Budget Cheikh Diba, ingénieur en modélisation statistique, économique et financière, « la croissance ne peut renaître que par des injections ciblées et mesurées de dépenses publiques, dans les secteurs à fort potentiel multiplicateur : les infrastructures, l’agriculture, l’éducation, l’énergie, ou encore l’innovation technologique ». Le modèle libéral, qui reposait sur l’autorégulation des marchés, apparaît aujourd’hui dépassé. La crise post-pandémique, l’instabilité des marchés mondiaux et les tensions géopolitiques ont mis en lumière les limites d’un laisser-faire économique qui aggrave souvent les inégalités et freine la reprise. Le plan de relance mené actuellement par l’État s’appuie ainsi sur un multiplicateur tangible, combinant investissements publics directs, incitations fiscales et soutien à l’entrepreneuriat local. L’objectif est clair : restaurer la confiance des agents économiques et stimuler leurs dépenses de consommation et d’investissement. Mais une relance conjoncturelle ne saurait suffire à redresser durablement l’économie. Elle doit s’accompagner d’une politique structurelle résiliente, axée sur des réformes en profondeur du tissu économique national. Cela implique notamment : •Une modernisation du marché du travail, facilitant l’embauche, la mobilité et la formation continue ; •L’assouplissement des procédures administratives, qui freinent l’initiative privée et étranglent les PME ; •Une réforme de la fiscalité, plus équitable et plus incitative à l’investissement productif ; •Et une refonte de la réglementation pour favoriser l’innovation, la compétitivité et l’inclusion économique. Ce tournant est capital. La résilience de notre économie dépendra de notre capacité à dépasser les dogmes économiques obsolètes pour proposer un modèle plus équilibré, plus solidaire, mais aussi plus audacieux. Le multiplicateur keynésien n’est plus une option théorique : il devient une nécessité pratique pour éviter une stagnation prolongée et construire une relance durable. Adama Thiam Analyste Économique Diplômé Paris I Panthéon-Sorbonne Diplômé École Supérieure de Gestion-Paris