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Le Réseau Africain de l’International Development Economics Associates (IDEAS) a organisé hier un atelier pour les jeunes chercheurs sur les approches hétérodoxes de la monnaie, de la finance et du développement économique. À cette occasion, Dr Ndongo Samba Sylla est revenu sur le débat autour de la dette sénégalaise, affirmant qu’elle est effectivement impayable dans la mesure où le Sénégal s’endette pour rembourser ses dettes, rapporte L’As. Dakar accueillera du 26 au 28 novembre 2025 une conférence internationale intitulée « Repenser l’intégration régionale en Afrique : Transcender les échecs du passé et se préparer aux défis d’un monde multipolaire ». En prélude à cet événement, IDEAS a réuni des chercheurs venus de plusieurs pays pour discuter de monnaie, de finance et de développement économique. Lors des échanges, le Directeur régional pour l’Afrique d’IDEAS a été interpellé sur la situation de la dette sénégalaise. Connu pour son franc-parler, Dr Ndongo Samba Sylla a rappelé qu’il écrivait depuis 2019 sur ce sujet, sans que personne ne s’y intéresse. « Pour moi, cette dette est impayable dans un sens précis : la seule manière de la rembourser est de s’endetter à nouveau avec des taux prohibitifs. Cela signifie mobiliser un surplus économique qui n’existe pas au Sénégal pour payer une dette pendant des générations. Le Sénégal n’est pas en mesure de payer ses dettes », a-t-il expliqué, cité par L’As. Il souligne que le niveau d’endettement sénégalais est plus préoccupant que dans de nombreux autres pays africains ayant déjà fait défaut, car la dette est majoritairement libellée en monnaie étrangère. Selon lui, les recettes du pétrole et du gaz (229 milliards de FCFA entre 2026 et 2028) ne suffiront pas à couvrir le service de la dette (14 870 milliards de FCFA sur la même période), obligeant le pays à se ré-endetter pour payer le principal. Dr Ndongo Samba Sylla insiste également sur le fait que cette question est politique et non économique. Il rappelle que des milliards de dollars de dettes non déclarées ont été inscrits dans la loi de finances rectificative, sur recommandations du FMI et de la Cour des comptes, pour être régularisés auprès du système bancaire domestique. « Cette dette, jugée illégale et jamais validée par le Parlement, est pourtant payée par le nouveau pouvoir en contractant de nouvelles dettes », a-t-il déploré. Éric Tymoigne, professeur d’économie au Lewis & Clark College, a complété l’analyse en soulignant que le problème majeur réside dans la libellé de la dette en monnaie étrangère. Selon lui, le Sénégal doit obtenir ces devises via les exportations ou des revenus financiers en euros, ce qui oriente la production vers l’exportation au détriment du développement interne. Il ajoute qu’une hausse des taxes pour réduire le déficit public diminue le pouvoir d’achat, freine l’activité économique et réduit finalement les recettes fiscales. À la question de savoir si le Sénégal a raison de refuser une restructuration via le FMI, Éric Tymoigne répond : « Si la restructuration consiste uniquement à réduire le déficit public, je dirais non. Il n’existe aucune relation directe entre déficit public et taux d’intérêt lorsqu’un pays dépense dans sa propre monnaie », conclut-il, cité par L’As.