
La situation économique du Sénégal suscite désormais une vive inquiétude au sein des institutions financières internationales. À l’issue d’une mission de deux semaines à Dakar, le chef de mission du Fonds monétaire international (FMI), Edward Gemayel, a tiré la sonnette d’alarme : « On n’a jamais vu une dette cachée de cette importance en Afrique », a-t-il déclaré ce jeudi 6 novembre. Une affirmation lourde de sens qui souligne la gravité de la situation financière du pays, déjà fragilisé par une succession de déficits et de déséquilibres budgétaires. Selon le FMI, cette dette cachée — dont le montant exact n’a pas été révélé — complique sérieusement les discussions autour de la reprise d’un programme de prêt avec le Sénégal. Les négociations, entamées depuis août dernier, n’ont toujours pas abouti, malgré la volonté affichée des deux parties d’aboutir à un accord « rapidement ». Le FMI justifie ce retard par la complexité du dossier et la nécessité de comprendre comment une telle dissimulation a pu se produire. « Le cas du Sénégal est inédit. C’est ce qui complique les choses », a précisé Edward Gemayel. Pour l’institution basée à Washington, plusieurs mesures correctrices s’imposent avant toute validation d’un nouveau programme. Parmi elles, la centralisation de la gestion de la dette dans un seul ministère, afin d’éviter les défaillances de coordination qui ont contribué à cette opacité. Le FMI exige également la publication des résultats de l’audit des arriérés, condition jugée indispensable pour restaurer la confiance et garantir la transparence des finances publiques. En parallèle, le FMI et la Banque mondiale travaillent conjointement sur une analyse de la viabilité de la dette sénégalaise, un exercice technique mais crucial pour déterminer si le pays conserve une trajectoire soutenable. Sans ce feu vert, aucun accord ne pourra être signé. Edward Gemayel se veut toutefois optimiste : « Il est rare qu’un nouvel accord soit finalisé après une première visite. Les discussions vont se poursuivre à distance dans les prochaines semaines. » Mais du côté du gouvernement sénégalais, l’absence d’accord constitue une mauvaise nouvelle. La non-conclusion du programme risque d’aggraver les tensions sur la trésorerie publique et de retarder le retour à la stabilité budgétaire. Déjà, l’agence Moody’s a dégradé à trois reprises la note du Sénégal en un an, pointant « l’augmentation des risques concernant la trajectoire d’endettement et la situation budgétaire préoccupante du pays ». Une situation que le pouvoir devra corriger au plus vite s’il veut rassurer ses partenaires financiers et maintenir la confiance des marchés.