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Selon L’Observateur, dans sa parution de ce lundi 28 octobre 2024, le FMI gèle le programme d’aide de 1,8 milliard de dollars (1 093 milliards FCFA) obtenu en 2023 et reporte le versement de 338 milliards de FCFA à 2025. Le site américain Bloomberg a révélé en fin de soirée hier, dimanche, une information capitale. «Le ministre des Finances, Cheikh Diba, a annoncé en marge des réunions annuelles du FMI à Washington que le programme du Sénégal avec l’institution internationale devait être révisé, après qu’un audit a mis au jour une dette et un déficit budgétaire supérieurs aux chiffres précédemment déclarés», lit-on, en anglais, sur le site. Cette révélation, initialement réservée aux abonnés, a rapidement été relayée par Seneplus, qui en a assuré la traduction. Selon Cheikh Diba, «le programme actuel doit être mis à jour. Nous sommes en discussion avec le Fonds. Le gouvernement vise désormais un nouvel accord avec le FMI au plus tard au premier trimestre 2025.» Tout a commencé avec la déclaration du Premier ministre, Ousmane Sonko. Lors d’une conférence de presse, le chef du gouvernement avait annoncé qu’un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) avait été finalisé, mettant en lumière des chiffres alarmants concernant les cinq dernières années de la présidence de Macky Sall. «Le régime de Macky Sall a menti au peuple, trompé les partenaires, manipulé les chiffres pour donner une image économique et financière qui n’a rien à voir avec la réalité», déclarait le PM, insistant sur le fait que «les responsabilités devront être établies.» Ces révélations ont eu des répercussions immédiates: Moody’s a dégradé la note de crédit du pays, le plongeant plus profondément dans la catégorie spéculative, avec une nouvelle baisse potentiellement à l’horizon. Les eurobonds sénégalais ont subi une vague de ventes massives, déclenchant une vive polémique et une réaction de l’ex-président Macky Sall lui-même. «Ces propos sont faux, totalement faux. Attendons que la justice confirme ou infirme avant d’accuser les gens. J’ai laissé un pays où les indicateurs étaient au vert», s’est défendu l’ancien chef de l’État. Cependant, hier dimanche, le FMI semble donner raison à Sonko. Selon les conclusions de l’audit, corroborées par une évaluation indépendante du FMI, le déficit budgétaire s’élève en réalité à plus de 10% du PIB, soit près du double des 5,5% initialement déclarés. Le ratio dette/PIB à la fin de 2023 atteint plus de 80%, contre 73% annoncés précédemment. En conséquence, le programme de 1,8 milliard de dollars obtenu auprès du FMI en 2023 est désormais suspendu. Un versement de 338 milliards de FCFA prévu cette année est reporté à 2025. «Nous étions conscients des conséquences», a reconnu Cheikh Diba. Le ministre des Finances a poursuivi: «Mais lorsque nous avons réalisé qu’il y avait ces écarts fondamentaux entre les chiffres communiqués au Fonds, qui constituaient la base de notre relation, nous avons compris que nous devions les signaler.» Les fonds déjà déboursés ne seront pas à rembourser, selon le ministre. «Cela aurait été le cas si nous avions essayé de dissimuler les faits et que nous avions été découverts. Dans ce cas, le Sénégal a effectué l’audit et est revenu vers le FMI avec les chiffres corrects», a expliqué Cheikh Diba. Concernant les contrats pétroliers censés stimuler la croissance économique du pays, attendue à 6% cette année et à plus de 10% en 2025, le ministre Cheikh Diba adopte une posture quasi-philosophique. «Nous ne pouvons pas changer les règles du jeu en cours de partie, mais l’État a le droit de vérifier si les contrats respectent les codes miniers et pétroliers en vigueur à l’époque.»