
Une récente évaluation de la compagnie aérienne nationale, Air Sénégal, dirigée par Tidiane Ndiaye, lève un coin du voile sur l’origine de certains résultats enregistrés, notamment le nombre de vols opérés, de passagers transportés, la réduction de la dette et des pertes, le départ des pilotes expatriés, la formation des navigateurs, la nouvelle politique de location d’avions et la levée de fonds. Selon le journal L’Observateur, ces éléments permettent de mieux comprendre les performances de la compagnie au premier semestre 2025. La compagnie aérienne Air Sénégal a dressé un bilan comparatif entre le premier semestre de 2025 et celui de 2024 concernant le nombre de passagers transportés et les vols opérés. Pour le premier semestre de 2024, la compagnie a transporté 316 363 passagers contre 264 799 pour la même période en 2025, soit un écart de 51 564 passagers. Parallèlement, Air Sénégal a opéré 3 705 vols au premier semestre 2024 contre 3 126 vols au premier semestre 2025, soit une baisse de 579 vols. Sur le plan financier, les revenus sont passés à 61 milliards FCfa au premier semestre 2025, contre 58 milliards pour la même période en 2024. Des sources proches de la direction marketing confient à L’Observateur que « ces résultats découlent d’une politique commerciale agressive et adéquate, de l’implémentation d’une nouvelle grille tarifaire et de la nouvelle architecture réseau orientée multi-tronçons vers le régional, avec suspension de tous les intercontinentaux comme New York, Barcelone, Marseille, Lyon et Milan ». Cette politique a permis d’améliorer considérablement le revenu moyen par vol. Ainsi, les frais passagers sont passés de 2,4 milliards FCfa à 508 millions (-79,33%), les frais équipages ont diminué de 57,36% et les coûts carburant de 40,99%. À l’arrivée du régime du Pastef, la dette d’Air Sénégal s’élevait à 118 milliards FCfa au 30 juin 2024. Un an plus tard, au 30 juin 2025, elle a été réduite à 37 milliards FCfa. Selon L’Observateur, l’État a pu apurer toute la dette due à ses structures et au service parapublic sur la base de conventions tripartites signées, lors du Conseil interministériel du 3 avril 2025. Cette action a permis de reconstituer les fonds propres de la compagnie et de lever les financements nécessaires pour la remise en service prochaine des deux A330 Neo. Toujours selon des sources de la Direction générale citées par L’Observateur, « les salaires n’ont jamais connu de retard depuis 2018, et aucun agent n’a jamais été payé au-delà du 8 du mois ». Dans un passé récent, presque toutes les responsabilités techniques de la compagnie étaient détenues par des pilotes expatriés, notamment sur les A319 et A321, ce qui pesait lourdement sur les finances. Aujourd’hui, sur le A330 Neo, tout le cockpit est sénégalisé et trois pilotes suivent actuellement une formation de commandant de bord sur l’ATR 72. Selon L’Observateur, « une partie de nos pilotes A319 passe commandant sur ATR et deux commandants ainsi que cinq copilotes sur A320 attendent la validation de leur licence avant de prendre les manettes ». Pour réduire davantage les charges financières liées aux avions Carlyle (A319 et A321), à la maintenance, à la formation des pilotes et aux salaires des expatriés, Air Sénégal a opté pour la location dite ACMI (avion avec équipage). La Direction générale, citée par L’Observateur, précise : « Les trois A320 affrétés nous reviennent beaucoup moins chers que les quatre avions de Carlyle que la compagnie payait au prix fort. Pire, seuls deux avions étaient fonctionnels. Aujourd’hui, la compagnie ne supporte plus les coûts de maintenance, de formation pilote ni les salaires des pilotes expatriés ». D’après le rapport d’évaluation consulté par L’Observateur, au premier semestre 2025, les revenus ont atteint 61,5 milliards FCfa contre 58 milliards en 2024, soit une progression de 5,7%. Malgré 15,6% moins de vols et 16,29% moins de passagers transportés, la perte nette, qui s’élevait à 34 milliards FCfa au premier semestre 2024, a été réduite de plus de la moitié pour atteindre 13 milliards FCfa au 30 juin 2025, représentant une amélioration de plus de 21 milliards FCfa grâce aux mesures de redressement mises en place depuis un an.