Après un processus électoral mouvementé, le Sénégal a fait son grand retour sur le marché obligataire international. Le pays a réalisé avec succès une émission d’euro-obligations d’une valeur de plus de 453 milliards de nos francs. Le Sénégal a été aidé en cela par la firme financière américaine JP Morgan Chase & Co, l’une des premières aux États-Unis et dans le monde, spécialisée, entre autres, dans la banque d’investissements. Or, ce qui fait jaser certains observateurs, c’est surtout le taux d’intérêt élevé : 7,75 %. La première émission d’obligations internationales sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye s’est faite en deux temps. D’abord le 3 juin, avec la levée de 500 millions de dollars (301 milliards de FCFA), puis le lendemain pour 250 millions de dollars (150 milliards de FCFA) récoltés. Les deux opérations sont soumises à une maturité de 7 ans et à un taux de 7,75 %. Le prêt a certes fait jaser, mais ce qui a surtout surpris, c’est le taux d’intérêt élevé : 7,75 %. Nombre d’observateurs ne comprennent pas cette faible confiance des banques et des marchés financiers alors que le pays vient de traverser, avec bonheur, une crise politique majeure. Mais, suivant l’énoncé du chroniqueur politique de SeneNews, « c’est sans doute là où réside le problème ». En réalité, argumente le politologue, « les compagnies bancaires comme JP Morgan Chase travaillent avec les pays sur la base des notations faites par les agences agréées. C’est ainsi que le Sénégal est classé B+B, ce qui est très mitigé. Car, en clair, cela veut dire que le pays de la Téranga ne convainc pas encore complètement les investisseurs. Il faut préciser que ces agences de notation se basent généralement sur la bonne santé budgétaire, l’état global de l’économie avec surtout la soutenabilité de la dette et sur la stabilité politique ». Rappelons qu’en ce qui concerne le Sénégal, ce sont sans doute les dernières crises politiques qui ont été déterminantes. Car, en 2021, avant la première crise, la note était à BB+. Les euro-obligations ont une maturité de 7 ans, arrivant à échéance en 2031, avec un taux nominal de rendement fixé à 7,75 %. Ce que les spécialistes ne comprennent pas, argue l’analyste politique de SeneNews, « c’est que, depuis qu’il a commencé à émettre des euro-obligations, le Sénégal est toujours noté bas avec des taux élevés. Or, des pays comme le Maroc ou la Tunisie peuvent emprunter à des taux moins élevés d’un peu plus de 3 % ou même moins ». Pourtant, malgré quelques crises politiques, le Sénégal fait partie des plus stables en Afrique avec trois alternances politiques et jamais de coup d’État. De ce fait, de l’avis de l’expert politique, « il est impératif qu’un travail soit amorcé pour revoir ces critères de notation qui ne dépendent pas forcément des banques mais des agences. L’autre urgence est que les Sénégalais apprennent à faire de la politique avec moins de populisme, de violence et de surenchère médiatique afin de pérenniser un climat de sérénité et de paix ». Autant, par rapport aux trois autres pays qui sont allés sur le marché des euro-obligations à savoir la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Kenya, le Sénégal a réalisé le score le moins bon.