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Alors que le gouvernement sénégalais salue la dernière déclaration du Fonds monétaire international (FMI) comme une validation de sa gestion économique, certaines voix appellent à plus de prudence et de rigueur dans l’interprétation. Parmi elles, celle de l’imam Kanté, connu pour ses prises de position sur les questions de gouvernance et de souveraineté économique. Réagissant à la sortie de la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, l’imam Kanté estime que les autorités comme l’opinion ne doivent pas se laisser abuser par la sémantique diplomatique de l’institution financière internationale. « Dire que le FMI a clos le débat ou a confirmé la dette cachée, ce n’est pas rigoureux comme sémantique. Le FMI n’a rien dit de nouveau. On joue sur des mots. Ils ont parlé de missreporting et c’est encore plus flou », a-t-il déclaré. Pour le religieux et intellectuel, la formulation utilisée par le FMI entretient volontairement une ambiguïté. « Il y a un genre de paternalisme dans leur déclaration, en parlant du gouvernement et des efforts pour le peuple. Ils n’ont pas à nous donner de leçons », a-t-il fustigé, avant de dénoncer la posture du pouvoir face aux institutions financières internationales : « Les politiques sont volatiles face à eux. Il y a l’exemple de Moody’s, qui a abaissé la note souveraine du pays, et le gouvernement a riposté vigoureusement. Mais avec le FMI, on jubile d’avoir été consolidé. » Pour Imam Kanté, cette attitude de dépendance et de satisfaction à l’égard du FMI traduit une faiblesse structurelle dans la manière dont le Sénégal conçoit ses relations avec les partenaires internationaux. « Il ne faut pas accepter d’être embarqué dans des émotions. Notre rapport avec les institutions doit être plus sincère. Le problème de la dette doit être un problème citoyen », a-t-il martelé. De son côté, la directrice générale du FMI s’est voulue rassurante lors d’une conférence de presse tenue en marge des Assemblées annuelles du Fonds et de la Banque mondiale. « Le Sénégal a un grand potentiel. Avec une bonne gestion, le Sénégal peut réaliser beaucoup de bonnes choses pour son peuple », a affirmé Kristalina Georgieva. Elle a également reconnu que le pays avait traversé une période délicate liée à la découverte d’une dette non déclarée : « Il y avait une dette cachée, et les autorités l’ont mise en lumière. L’évaluation de la raison pour laquelle cela s’est produit, son ampleur et ce qu’il faut faire à ce sujet a pris un certain temps, mais maintenant nous avons de la clarté », a-t-elle déclaré. Selon elle, cette clarification a ouvert la voie à une nouvelle phase de coopération entre le Sénégal et le FMI : « J’ai rencontré la délégation sénégalaise ici. Nous avons eu une discussion très constructive sur ce que pourraient être les objectifs d’un programme, comment s’y prendre, et nous enverrons une équipe immédiatement après les réunions annuelles au Sénégal », a-t-elle précisé. Interrogée sur la récente dégradation de la note souveraine du Sénégal par l’agence Moody’s, la patronne du FMI s’est montrée plus réservée : « Nous ne commentons pas les agences de notation », s’est-elle contentée de répondre.