hivernage champs inondes - Senenews - Actualité au Sénégal, Politique, Économie, Sport

L’hivernage n’est pas encore terminé. Les services de l’Anacim ont annoncé que ce mois d’octobre sera pluvieux. Cette prévision n’a pas laissé indifférents les acteurs du monde rural, qui redoutent que les pluies ne détruisent leurs récoltes. L’angoisse gagne les agriculteurs. Alors que la plupart des cultures ont atteint leur maturité, les précipitations continuent de tomber, suscitant la crainte dans les campagnes. Selon l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim), l’hivernage se prolonge. Dans son bulletin météo n°264, l’Anacim prévoit encore des pluies pour les 24 prochaines heures, notamment dans les régions du sud-ouest (Ziguinchor, Sédhiou, Kolda), du centre-ouest (Kaolack, Fatick, Diourbel) et de l’ouest (Dakar, Thiès, Louga). La nuit et la matinée de vendredi pourraient également être marquées par des systèmes pluvieux venant du Mali, affectant le sud-est du pays (Kédougou, Tamba, Bakel). En raison de la couverture nuageuse et des pluies attendues, les températures resteront clémentes, oscillant entre 33°C et 34°C sur la majeure partie du territoire. Avant même la publication de ce bulletin, des responsables de l’Anacim avaient signalé que le mois d’octobre serait pluvieux. Le Dr Ousmane Ndiaye, directeur de la météo à l’Anacim, avait observé un déplacement des pluies ces dernières années : « Si autrefois c’était le mois d’août qui était le plus pluvieux, aujourd’hui, septembre, octobre et le début de novembre enregistrent davantage de précipitations. » Cette tendance est confirmée par Diabel Ndiaye, chef du service climatologie à l’Anacim, qui souligne que les prévisions saisonnières de mai laissaient présager une fin de saison tardive.

Inquiétudes pour les récoltes

Ces prévisions suscitent de l’inquiétude chez les agriculteurs. Les organisations paysannes réagissent de manière diverse à cette prolongation des pluies en octobre. Pour Aliou Dia, président de Forces paysannes, la situation n’est pas encore alarmante. Il explique : « Il y a eu une longue pause pluviométrique, ce qui a permis au sol de rester humide. Les récoltes de mil ont déjà commencé dans certaines zones. Concernant l’arachide, tant que le sol n’est pas asséché, les graines ne germeront pas à nouveau. Le risque est donc limité. Cependant, si les pluies persistent, les rendements en foin pourraient légèrement baisser. » Mouhamadou Bamba Dieng, président des jeunes agriculteurs du Sénégal, reste lui aussi prudent. Il note que l’humidité du sol ne présente pas de risque immédiat pour les cultures d’arachide, mais pourrait affecter d’autres productions, comme le niébé. « Les pluies alourdissent les graines, ce qui pourrait être bénéfique pour l’arachide. En revanche, le niébé est particulièrement vulnérable : si les pluies se poursuivent, la paille du niébé pourrait noircir et perdre sa qualité nutritive, ce qui serait un manque à gagner pour les agriculteurs, notamment dans la région de Louga. » Plus sceptique, Babacar Ba, président de l’association « And Sam Sunu Momel », est plus alarmiste. Il souligne que les récoltes de mil, qui ont déjà été amassées par les agriculteurs, pourraient être détruites par les pluies si elles sont entassées à même le sol. « Les graines risquent de germer à nouveau sous l’effet de l’humidité, et une fois exposées au soleil, elles développeraient un goût amer, les rendant impropres à la consommation, aussi bien pour les hommes que pour les animaux. Il est urgent que les autorités mettent en place des variétés adaptées aux nouvelles réalités climatiques », alerte-t-il.