L’un des défis majeurs qui attend le gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko est la gestion de la hausse des prix des denrées de première nécessité, une situation particulièrement critique dans le contexte actuel de préparation du Ramadan et du Carême chrétien. L’augmentation des prix du sucre et de l’huile, produits essentiels dans ces périodes de forte consommation, a mis en lumière les fragilités du système économique du pays, créant une tension palpable entre les commerçants, les consommateurs et les autorités.
Une crise des prix qui touche plusieurs produits
La situation des prix du sucre et de l’huile, des produits très prisés par les ménages sénégalais, illustre bien l’ampleur du problème. Bien que l’État ait fixé des prix pour ces denrées, la réalité du marché est toute autre. Selon Omar Diallo, président de l’Union nationale des boutiquiers du Sénégal, les boutiquiers se trouvent dans l’obligation d’augmenter les prix pour survivre. Les prix d’achat des produits, comme le sucre, ont grimpé, et pour continuer à vendre, les commerçants sont contraints de vendre à un prix plus élevé que celui fixé par l’État, créant une tension sur le marché. Les autorités, bien qu’informées de cette situation, peinent à mettre en place des mesures efficaces pour résoudre cette crise. Un autre aspect du problème est la spéculation, particulièrement autour du sucre. Selon Momar Ndao, président de l’Association nationale des consommateurs, il existe une rétention de produits à des fins spéculatives. Les commerçants, bien que des stocks suffisants existent, choisissent de conserver les produits dans l’attente d’une augmentation des prix. Cette situation, souvent exacerbée par des périodes comme le Ramadan, déstabilise le marché et met les consommateurs dans une position vulnérable.
Le rôle de l’État et les solutions envisagées
Le problème ne se limite pas seulement au sucre et à l’huile. De nombreux autres produits de consommation courante, tels que le café, le lait, la viande, et les légumes, connaissent également des hausses de prix importantes. Le fait que ces produits ne soient pas soumis à un contrôle de prix par l’État rend le marché plus instable, permettant aux commerçants d’appliquer les prix qu’ils souhaitent. Momar Ndao souligne la nécessité d’étendre la régulation à une plus grande variété de produits afin de protéger les consommateurs. Cette crise des prix met en évidence l’un des plus grands défis du nouveau régime : comment concilier la régulation des prix, la lutte contre la spéculation et la préservation du pouvoir d’achat des populations. Les efforts déployés par l’État pour lutter contre l’inflation, notamment la mise en place d’un fonds de 53 milliards de F CFA pour alléger le coût de la vie, semblent insuffisants. Les populations ne ressentent pas encore l’impact de ces mesures, et les contrôles demeurent inefficaces faute de personnel suffisant pour surveiller le marché. La situation est d’autant plus compliquée avec l’augmentation des coûts à l’international, comme celle du dollar et les récoltes insuffisantes dans des pays producteurs comme la Thaïlande, ce qui affecte les importations. Face à ce défi, le gouvernement devra prendre des mesures structurelles. Premièrement, la priorité devrait être donnée à l’autosuffisance alimentaire, comme promis par les autorités. Cependant, dans l’attente de cette autosuffisance, des solutions à court terme doivent être envisagées, comme l’augmentation des subventions ou l’ajustement des prix en fonction des fluctuations mondiales. Par ailleurs, le contrôle des prix doit être renforcé, mais cela nécessite un personnel plus formé et plus nombreux. L’émergence d’un marché noir est un autre risque majeur auquel le gouvernement devra faire face.