La dette totale de la Chine représente aujourd’hui 336% de son PIB, soit environ 60 480 milliards de dollars US, selon les dernières estimations. Fait marquant, 95% de cette dette est intérieure, libellée en monnaie locale et financée par les banques du pays. Cette configuration permet à Pékin de bénéficier d’un contrôle direct sur ses engagements, tout en limitant les risques liés aux fluctuations des devises étrangères et aux marchés internationaux. À titre de comparaison, le Sénégal affiche un taux d’endettement de 132% de son PIB, dont plus de 70% en devises étrangères, ce qui expose fortement le pays aux aléas des taux de change et aux pressions des créanciers internationaux. Dans le projet de loi de finances pour 2026, l’État du Sénégal prévoit de recourir aux marchés financiers et à d’autres formes d’emprunts pour mobiliser 6075,2 milliards FCFA, destinés à amortir la dette existante et à financer le déficit budgétaire. L’enjeu majeur consiste désormais à réduire la part de la dette en devises étrangères et à augmenter celle en monnaie locale, financée par les banques sénégalaises, afin de diminuer les coûts de financement et de renforcer la souveraineté économique du pays. Pour atteindre cet objectif, plusieurs mesures peuvent être envisagées. Il s’agit notamment de développer le marché obligataire local, en émettant des titres publics à long terme libellés en francs CFA, et de mobiliser davantage les banques sénégalaises et les institutions financières locales pour souscrire à ces obligations. La mise en place de incitations fiscales pour les investisseurs nationaux et le renforcement de la liquidité du marché local sont également des leviers essentiels. Enfin, le gouvernement pourrait envisager de négocier des taux préférentiels avec les banques locales, en s’inspirant du modèle chinois où le secteur bancaire joue un rôle central dans le financement de la dette souveraine. Si le Sénégal parvient à structurer sa dette sur le modèle chinois, en privilégiant la monnaie locale et le financement national, le pays pourrait non seulement réduire ses charges financières, mais aussi renforcer sa stabilité économique face aux fluctuations mondiales, tout en limitant la dépendance aux créanciers internationaux. Le défi est désormais de taille, mais l’exemple de la Chine montre qu’une stratégie coordonnée entre État et banques locales peut transformer une contrainte budgétaire en opportunité de développement.