Le rapport économique et financier annexé au projet de loi de finances pour l’année 2025 révèle une situation économique de plus en plus complexe pour le Sénégal. En 2024, l’encours de la dette publique devrait atteindre 18 007,4 milliards de francs CFA, soit une hausse de 15% par rapport à l’année précédente. Ce chiffre est particulièrement alarmant, car il représente 88,4% du PIB, un pourcentage bien supérieur à celui de 2023, qui était de 83,7%. Une telle croissance de la dette publique, en termes absolus comme relatifs, met en lumière les difficultés économiques qui s’aggravent pour le pays et représente un véritable défi pour les nouvelles autorités sénégalaises. Cette évolution de la dette n’est pas sans conséquences sur la crédibilité financière du Sénégal à l’international. Le 4 octobre 2024, l’agence de notation Moody’s a dégradé la note de crédit du gouvernement sénégalais, passant de « Ba3 » à « B1 », une décision qui traduit une inquiétude croissante sur la capacité du pays à gérer ses finances publiques. En outre, Moody’s a placé la note sous surveillance, laissant entendre qu’une nouvelle dégradation pourrait survenir si la situation ne se stabilise pas rapidement. Ce changement de perspective pourrait avoir des répercussions directes sur l’accès du Sénégal aux marchés financiers internationaux et sur le coût de ses emprunts.
Une gestion budgétaire sous tension
L’une des principales raisons de cette dégradation est la révision à la hausse du déficit budgétaire. En effet, les résultats de l’audit des finances publiques ont révélé une sous-estimation du déficit budgétaire et du ratio de la dette publique par rapport au PIB sur la période 2019-2023. Alors qu’on estimait initialement le déficit à 4,9% du PIB, celui-ci a été révisé à 10,4%. Cette révision soulève des questions sur la gestion des finances publiques et la transparence des autorités sénégalaises, créant ainsi un climat d’incertitude qui complique davantage la tâche des nouvelles autorités en place. Pour les dirigeants actuels du Sénégal, cette situation est d’autant plus difficile qu’elle intervient dans un contexte économique mondial incertain, marqué par des pressions inflationnistes et une instabilité géopolitique croissante. Dans ce contexte, la gestion de la dette publique devient un enjeu central. La nécessité de rembourser cette dette, tout en maintenant un équilibre budgétaire, risque de limiter la capacité de l’État à investir dans des secteurs essentiels tels que l’éducation, la santé et les infrastructures. Cela pourrait également entraîner des mesures d’austérité, qui risquent de peser lourdement sur les populations les plus vulnérables.
Les réformes nécessaires pour stabiliser l’économie
Les nouvelles autorités sénégalaises doivent donc faire face à un défi de taille : redresser la situation économique tout en évitant des politiques de rigueur qui pourraient nuire à leur popularité. L’augmentation de la dette, associée à la dégradation de la note souveraine, illustre l’urgence de mettre en place des réformes structurelles pour assainir les finances publiques et relancer la croissance économique. Cela implique une meilleure gestion des ressources publiques, un contrôle renforcé de l’endettement et, surtout, un plan de réduction du déficit budgétaire à moyen terme. Le gouvernement devra également renforcer sa communication avec les partenaires financiers et les investisseurs internationaux pour restaurer la confiance et garantir l’accès aux financements à des conditions plus favorables. La situation est d’autant plus complexe que la dette publique du Sénégal reste au-dessus des seuils recommandés par la Commission de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), qui fixe un plafond de 70% du PIB. L’encours actuel de la dette, supérieur à 88% du PIB, dépasse largement cette limite, ce qui expose le pays à des sanctions et à des restrictions sur ses emprunts futurs. Les autorités devront donc naviguer dans un environnement économique de plus en plus contraignant, où chaque décision financière sera scrutée de près.