La croissance économique du Sénégal s’est ralentie en 2021 et 2024 dans un contexte complexe caractérisé par des chaînes d’approvisionnement interrompues, le gel des investissements, les pertes et manques à gagner commerciaux. Une longue liste causée par des manifestations qui ont conduit à des pertes économiques. Maintenant, avec l’élection du président Bassirou Diomaye Faye, le climat semble favorable pour une économie en hausse. Concentrant l’essentiel du dynamisme économique du pays, Dakar a visiblement souffert ces derniers temps. Cette situation est due au report de l’élection présidentielle. Le 3 février, date initiale du coup d’envoi de la campagne électorale pour la présidentielle, a été marqué par une annonce inédite du président Macky Sall : le report des élections alors prévues le 25 février. Cette mesure, permise par l’adoption d’une loi constitutionnelle par l’Assemblée nationale, est une première dans le panorama politique du Sénégal. Pour contester cette décision de l’ancien chef de l’État, des affrontements avaient éclaté.
Un nouveau régime, de nouvelles opportunités
Ainsi, l’économie a encore pris un coup. Et le secteur marchand l’avait démontré à suffisance. Pas d’affluence dans les grandes surfaces ni dans les marchés, encore moins dans la circulation. Résultat, constate l’économiste Abdoul Ndao, « la croissance économique qui s’était ralentie en 2022 dans un contexte complexe caractérisé par de fortes pressions inflationnistes continue sa chute. Après une forte reprise de la croissance en 2021 pour atteindre 6,5 % du PIB, la croissance du PIB réel a ralenti en 2022 pour atteindre 4,2 %, à la suite d’une baisse de l’investissement privé et des exportations, ainsi que d’une contraction de la production industrielle ». Maintenant, avec l’avènement d’un nouveau régime avec à sa tête le président Bassirou Diomaye Faye, l’économiste est d’avis que « les perspectives sont favorables avec une activité économique qui devrait être forte, reflétant le dynamisme du secteur secondaire et principalement la production industrielle ». Maintenant, en ce qui concerne l’impact des mesures qui sont annoncées sur l’économie par le successeur de Macky Sall, Assane Samb pense qu’il « faudra attendre d’en savoir plus sur les détails dans certains secteurs. Parce qu’il y a des déclarations qui sont plus générales comme quand on parle de l’insuffisance alimentaire. Dans l’immédiat, s’il y a réduction du train de vie de l’État, du nombre de ministres, d’institutions, l’impact sera extrêmement important en termes de milliards économisés ». Il s’y ajoute le soutien annoncé aux secteurs privés. Ce qui est selon le politologue « très important si l’on sait que seul le secteur privé peut absorber la masse de chômeurs en créant de l’emploi. Maintenant, il y a les mesures d’ordre fiscal avec le problème de l’autodénonciation dont il parle avec les gens qui ont des prête-noms, que les gens puissent davantage payer des taxes. Les multinationales qui bénéficiaient d’exonération puissent également s’acquitter de leur taxe. Là aussi, ce sera une masse financière extraordinaire ». D’un autre point de vue, Bakary Domingo Mané affirme que « le Sénégal a connu des moments de tensions, de crises vraiment sérieuses de 2021 à nos jours sans compter le jour où le président sortant s’est permis d’annuler la présidentielle. C’était une sorte de tension où justement cette période-là (2021 à 2024) a constitué une fronde à l’économie du pays. Puisque les manifestations ne permettaient plus un climat serein. Aujourd’hui, l’on a tourné cette page avec l’avènement d’un nouveau régime dirigé par le président de la République Bassirou Diomaye Faye. Donc ce moment d’euphorie est un moment propice pour les affaires. Attendue que cette prouesse que le Sénégal vient de réaliser a été une sorte d’aimant pour les pays voisins et le monde entier qui s’inquiétaient sur l’organisation d’une élection présidentielle sans anicroche. Donc, en direction de ces gens-là, je pense que le Sénégal constitue un pays où ils peuvent bel et bien investir. De ce fait, les partenaires qui hésitaient à venir vont se dire que quoi qu’il en soit les problèmes que le Sénégal traverse, ils trouvent toujours les moyens de les dépasser ». Mais au-delà de la tenue du scrutin, les conséquences de cette crise politique majeure, inédite au Sénégal, résultant du report de la présidentielle sont nombreuses. Pourtant, pour l’analyse politique M. Mané, « cette crise est créée de toute pièce par le président sortant, mais les Sénégalais ont montré à la face du monde que c’est un grand peuple ». De ce fait, Bakary Domingo Mané pense que « cela est un atout de taille non seulement pour les affaires à l’interne et aussi pour les partenaires qui aimeraient investir au Sénégal. Ainsi, quand vous êtes dans un climat apaisé comme ça, tout le monde s’est réveillé le lendemain de l’élection et est allé travailler, c’est dire que ce climat constitue une source d’inspiration pour tout ce qui font du business, les travailleurs et les partenaires qui sont à l’étranger. On est loin des événements de mars et juin 2021 où cela a été très difficile pour des commerçants qui avaient fermé leur boutique et quand bien même, les plus téméraires qui se permettaient d’ouvrir les boutiques. Ils le faisaient mais avec une conscience pas du tout tranquille. Maintenant, on est loin vraiment de cette période-là. Aujourd’hui, nous sommes dans un climat apaisé avec l’avènement de ce nouveau régime qui invite tout le monde au travail. Pour moi, c’est une situation très propice aux affaires, à l’économie ».