
La relation entre le Sénégal et le FMI, jadis cordiale, n’est plus au beau fixe. Un désaccord, né de l’annonce par le Premier ministre de l’existence d’une « dette cachée », a entraîné les deux parties dans un dialogue de sourds sur le redressement économique du pays, rapporte Walf Quotidien. L’institution de Bretton Woods a démenti toute volonté d’imposer une mesure contraignante, mais le mal était fait. On est loin du temps où le Sénégal était considéré comme un « bon élève » du FMI. Les relations sont devenues tumultueuses à partir de septembre 2024. Selon le Premier ministre, la question de la dette cachée a déclenché une crise de confiance. « Le Sénégal et le FMI sont dans une situation que je compare à la théorie des jeux. La meilleure stratégie pour les acteurs est de converger dans la même direction. Toute autre situation entraîne des solutions contraignantes et une dialectique contradictoire », analyse l’économiste Souleymane Keïta, cité par Walf Quotidien. Le premier décaissement différé a été la première conséquence de ce désaccord. S’y ajoutent des missions à répétition du FMI au Sénégal, avec des propositions de sortie de crise. Pour Dr Keïta, la posture du gouvernement sénégalais pourrait fragiliser sa crédibilité financière : « Toute attitude contraire à la ligne directrice des institutions financières internationales est assimilable à une défiance par le marché financier. Cela entraînera une chute des obligations sénégalaises sur le marché, avec une dette estimée à 132 % du PIB », explique-t-il. Selon l’expert en finance inclusive Mansa Qualy, le refus de restructuration expose le Sénégal à un risque accru sur les marchés financiers et pourrait intensifier la pression fiscale et l’austérité, avec des conséquences sociales négatives. Du côté du FMI, la crédibilité de l’institution se trouve également affectée, notamment dans l’opinion publique locale. « Le rejet frontal de ses propositions limite sa marge de manœuvre dans les discussions futures », souligne Souleymane Keïta. Pour certains analystes, comme Idrissa Ba, économiste-consultant, la démarche du gouvernement renforce l’image d’un État souverain qui refuse les diktats extérieurs. « Ce rejet peut être perçu comme un acte de résistance, consolidant le soutien national autour du gouvernement. Si le Sénégal s’accorde avec les BRICS et rompt avec le FMI, il n’aura rien à perdre », conclut-il, cité par Walf Quotidien.