La dette extérieure du Sénégal, qui s’élève à 39,950 milliards de dollars US (environ 24 888,85 milliards FCFA), place le pays parmi les plus endettés des économies à revenu intermédiaire. Ce constat alarmant, souligné par le rapport 2024 de la Banque mondiale, révèle l’ampleur des défis économiques auxquels le Sénégal est confronté. Bien que divers facteurs externes, tels que la pandémie de Covid-19 et l’inflation mondiale, aient exacerbé la situation, il est crucial d’analyser la responsabilité du régime de Macky Sall dans cette crise.
Une politique d’endettement effrénée
Sous la présidence de Macky Sall, le Sénégal a multiplié les emprunts sur les marchés internationaux pour financer d’ambitieux projets d’infrastructure, comme le Train Express Régional (TER), le Port de Ndayane, et divers axes autoroutiers. Ces projets, bien qu’importants pour le développement économique, ont souvent été critiqués pour leur coût élevé et leur manque de rentabilité immédiate. La stratégie économique du régime reposait sur l’hypothèse que ces investissements allaient stimuler la croissance et augmenter les recettes fiscales. Cependant, les retours sur investissement tardent à se matérialiser, laissant le pays avec une dette lourde et des recettes fiscales stagnantes. De plus, certains observateurs dénoncent une gestion opaque des finances publiques, marquée par une absence de priorisation claire entre les projets structurants et les dépenses sociales essentielles. Les accusations de corruption et de mauvaise gouvernance évoquées par Ousmane Sonko, ancien opposant et actuel Premier ministre, jettent une ombre supplémentaire sur la crédibilité du régime précédent. Selon lui, le gouvernement Sall aurait « maquillé les chiffres » pour présenter une image faussement optimiste de l’économie, renforçant ainsi la dépendance aux emprunts extérieurs.
Le contexte international : une pression aggravante
Bien que la gestion interne ait joué un rôle central dans l’accumulation de la dette, le contexte économique mondial a amplifié le problème. Entre 2022 et 2023, la flambée des taux d’intérêt mondiaux a accru le coût du service de la dette, rendant les nouveaux emprunts plus onéreux et les anciens engagements plus lourds. Selon la Banque mondiale, les paiements d’intérêts sur les prêts à taux variable représentaient 14 % du service de la dette sénégalaise en 2023, contre 10 % l’année précédente. Par ailleurs, la pandémie de Covid-19 a exacerbé les vulnérabilités économiques du pays, entraînant une contraction des recettes d’exportation et une hausse des dépenses publiques pour répondre aux besoins sanitaires et sociaux. Ces chocs externes, bien que globaux, ont particulièrement touché les pays comme le Sénégal, déjà fragilisés par des niveaux d’endettement élevés.
Un bilan contrasté
Le legs économique de Macky Sall est ainsi marqué par un paradoxe. D’un côté, son mandat a vu la réalisation de projets phares qui ont modernisé une partie des infrastructures du Sénégal. D’un autre côté, la durabilité financière de ces investissements reste incertaine, surtout face à une dette record qui limite désormais les marges de manœuvre budgétaires. Cette situation soulève également des interrogations sur les priorités du régime. Pourquoi avoir concentré autant de ressources sur des projets d’infrastructure, parfois jugés déconnectés des besoins immédiats de la population, comme la lutte contre la pauvreté ou l’amélioration des systèmes de santé et d’éducation ? La réponse pourrait résider dans la quête de prestige international et la volonté de positionner le Sénégal comme une vitrine de la modernité en Afrique de l’Ouest. Cependant, cette ambition semble avoir été poursuivie au détriment d’une gestion prudente des finances publiques.
Perspectives : le poids du présent sur l’avenir
Aujourd’hui, le Sénégal se retrouve dans une situation délicate, contraint de jongler entre le remboursement d’une dette lourde et le financement des besoins socio-économiques croissants. Les mesures de soutien de la Banque mondiale, telles que les subventions à long terme, offrent une bouée de sauvetage, mais elles ne suffisent pas à résoudre les problèmes structurels liés à la gestion de la dette. Le nouveau gouvernement devra redoubler d’efforts pour restaurer la confiance des partenaires financiers et des citoyens. Cela implique une transparence accrue dans la gestion des ressources publiques, une rationalisation des projets d’investissement, et un recentrage sur des secteurs prioritaires comme l’agriculture, la santé et l’éducation.