Huit mois après une dernière coupure du signal de Walfadjri, le voilà maintenant qui perd sa licence. Face à cette situation périlleuse pour les employés de la télévision privée sénégalaise, vieille de plus de 40 ans, des options se présentent toujours aux propriétaires pour entrer dans leur droit. Cette décision est prise par le ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie numérique ce dimanche 4 février 2024. Ceci fait suite au plateau spécial consacré à la situation née du report de la présidentielle du 25 février 2024 et à ses répercussions. On se demande cette fois-ci ce que fera le groupe de presse de feu Sidy Lamine Niass afin de récupérer sa licence. Les écrans se sont brusquement noircis le dimanche 4 février pendant que des chroniqueurs étaient à l’antenne en train de faire leurs analyses sur l’annonce du président de la République, Macky Sall, annonçant l’abrogation du décret n°2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral, par la signature du décret n°2024-106 du 3 février 2024, ainsi que sur les manifestations sur fond d’arrestations de figures politiques. « Un coup d’État médiatique », avait accusé Cheikh Niass, le président directeur du groupe Walfadjri qui a décidé de renoncer à sa nationalité sénégalaise. Le fils de Sidy Lamine Niass, outré par cette décision du président de la République, a trouvé vain le combat que son défunt père menait de son vivant. Le PDG de Walfadjri était même sur le point de déchirer sa pièce d’identité nationale en direct sur sa chaîne de télévision. Il a déclaré qu’il se rendrait dès lundi prochain au niveau du ministère de l’Intérieur pour finaliser la procédure. De son côté, la Coordination des associations de presse (CAP) a « dénoncé avec énergie cette mesure excessive qui est inadmissible dans un pays démocratique comme le Sénégal ». Malgré cela, Walf a toujours les cartes en main pour récupérer son signal. Puisque, précise le directeur de la publication de la Publication du Quotidien Rewmi, le ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie numérique n’aurait pas dû prendre de mesures. Parce que, se justifie-t-il, « ce travail incombe au Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) ». En effet, l’État reproche à Walf TV d’inciter à la violence. Seulement, c’est au CNRA de décider du sort de la télévision de feu Sidy Lamine Niass et non à l’État. Maintenant, énonce le journaliste, « il faut saisir la Cour suprême pour abus ou excès de pouvoir et aller dans le sens d’annuler cette mesure ». Puisque, développe Assane Samb, « le signal de Walf a été retiré, il faut faire constater par voie d’huissier puis aller attaquer l’État devant les Cours et Tribunaux ».
Walf TV, un retrait de licence fatal ?
Pourtant, Walf déclare n’avoir pas reçu la notification de la coupure de son signal et a envoyé une lettre au ministre de la Communication, de la Télécommunication et du Numérique, Moussa Bocar Thiam. Alors que, pour le directeur de la publication du Quotidien Rewmi, il y a quelque chose de plus grave que la notification. « On a posé l’acte de rupture du signal, vous le faites constater ensuite, vous déposez un recours. Étant avocat, le directeur de Walf connaît les procédures en la matière. On n’a pas besoin d’attendre une notification dès lors qu’on vous a coupé le signal de votre télévision ». Allant dans le même sens que l’homme des médias, le juriste Pape Ahmadou Mbaye a fait savoir que Walf TV a la possibilité de contester une telle mesure « attentatoire à la liberté de presse, au droit à l’information, aux droits consacrés par la constitution ». Mieux encore, le conseiller a indiqué que Walf TV a le droit de saisir par le canal de son avocat la Cour suprême d’un référé d’une procédure urgente pour inciter l’autorité administrative compétente à revoir sa décision et par la même occasion poursuivre ses programmes. Maintenant, établit M. Mbaye, « le référé urgent, c’est au niveau de la Cour suprême. Les conseils de Walf peuvent saisir la haute institution juridique de ce référé afin qu’elle puisse statuer en urgence sur la situation de la télévision de feu Sidy Lamine Niass. Dès l’instant que la Cour suprême constate qu’il y a une violation d’un droit constitutionnel que constitue le droit à la liberté d’expression, le droit à l’information du public, le droit à la liberté de la presse ». À ce stade, le juriste a renseigné que la Cour suprême aurait la possibilité, après avoir apprécié objectivement et souverainement la réclamation faite par Walfadjri, d’en donner suite. De ce fait, les scénarios qui s’offrent à la Cour suprême sur le cas de Walf TV sont les suivants : Soit la Cour suprême maintient la décision de l’autorité administrative et Walf perd sa licence. Soit la Cour suprême désapprouve la décision de l’autorité administrative et donne à Walf TV l’opportunité de poursuivre ses programmes.