Situé entre l’école de formation IFACE et le mur du campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le couloir de la mort, est le chemin qu’empruntent bon nombre d’étudiants pour rejoindre leurs amphis. Comme toujours, des va-et-vient animent toujours le lieu ce vendredi matin. Mais la plupart des usagers marchent hantés par l’insécurité.
Chemises bien boutonnées, pantalon en jean ou super-sans accompagnés des chaussures en talon ou baskets, ce sont des groupes de jeunes étudiants qui se précipitent pour rejoindre les amphithéâtres. L’un d’entre eux, Boubacar, 23 ans, exprime son inquiétude.« Je quitte Zac Mbao tous les jours car je n’ai pas de logement au campus. Et c’est trop risqué pour moi mais aussi surtout pour les filles. Si on ne veut pas être victimes d’agressions, on est obligé de venir en retard », lâche l’étudiant, en licence 3 au département de géographie.
Ces derniers sont loin d’être seuls dans la peur qu’ils ressentent sur le chemin menant vers les différentes facultés de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Autrement dit, ce couloir dit de la « mort », est occupé par plus d’une vingtaine de commerçants dont des vendeuses de déjeuner, d’eau, de café, de jus, de fruit, d’écouteurs, des livres etc.
Si les uns sont installés à côté des murs du campus, les autres sur l’alignement du terminus ligne 24 qui se situe juste en face du couloir. A l’entrée du couloir on aperçoit une dame dans la quarantaine, elle se nomme Binta, vendeuse de petit déjeuner. « un gars m’a agressé avec un couteau ».

Binta souligne le fait qu’elle soit souvent confrontée à des gens mal intentionnés sur son lieu de travail. « Parfois, les clients après avoir fait leurs commandes et mangé s’en vont sans payer. Comme je suis une femme je ne peux pas me battre avec eux je les laisse partir. Une fois, un gars m’a agressé avec un couteau, il a pris mon téléphone portable ainsi que mon porte-monnaie. Il m’a blessé à la main droite avant de prendre la fuite. C’est une situation vraiment difficile », déplore-t-elle.
Les pourparlers entre clients et commerçants se poursuivent au niveau du couloir de la mort. En même temps, les étudiants, de l’autre côté continuent leur chemin. Soudain, l’on aperçoit un géant homme avec deux thermos à côté. Il s’appelle « Sarr Café » (le vendeur de café).Le jeune homme, dans la trentaine, qui exerçait son activité au sein du campus a été obligé de libérer l’espace, à la suite de la décision des autorités universitaires.
« J’étais dans le campus à côté du pavillon L, c’est là-bas que je faisais mes activités, mais par-là suite, on nous à demander de libérer l’espace étant donné qu’on n’avait pas de boutique. Donc j’étais obligé de venir m’installer ici devant la route avec tous les risques qu’on court ».
Il poursuit en affirmant : « Je me réveille à 5h du matin pour préparer les matériels de travail (thermos, marmites, fourneaux, tasse de café…) avant d’arriver sur place. Je gagne ma vie avec ces petits 50f que tu vois. J’arrive à payer ma location, les études de mes enfants mais aussi les dépenses quotidiennes. A part le manque de sécurité, je n’ai rien à craindre Dieu merci ».
En plus de ces difficultés, ces commerçants qui occupent l’espace, informent qu’ils n’ont pas de toilette pour leurs besoins et qu’ils sont obligés de traverser les deux voies, avec des risques d’accident. Ils réclament la présence des agents de sécurité au niveau Couloir de la mort.
Aîssatou Diéne (Stagiaire)
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