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Nommé en 2012 avec l’arrivée au pouvoir du président Macky Sall, Racine Sy est jusqu’à présent le directeur général du King Fahd Palace. Cependant, M. Sy a, selon certains employés, plongé le climat de l’hôtel dans une ambiance sociale tendue, en raison d’une gestion marquée par la gabegie, l’opacité des licenciements abusifs et des sanctions pour la moindre erreur. Pire encore, la direction du King Fahd Palace a profité de la pandémie de Covid-19 pour mettre en œuvre un plan de licenciement massif, qui a abouti à la retraite forcée de près de 76 travailleurs. SeneNews s’est entretenu avec ces derniers, qui ont retracé les neuf pires années passées à l’hôtel.

Licenciés depuis trois ans, les ex-employés du King Fahd Palace en quête de réintégration

Pendant la pandémie, l’hôtel King Fahd Palace, anciennement Méridien Président, dirigé par l’homme d’affaires Racine Sy, a licencié 76 de ses agents. Le motif économique a été invoqué, mais cet alibi est difficile à croire pour les ex-travailleurs. Tout a commencé en 2021, au cours de la pandémie, lorsque les hôtels ont rencontré de grandes difficultés à faire face à leurs charges. Cela s’est traduit de manière brutale. Malgré les programmes de relance économique mis en place par l’ancien chef de l’État Macky Sall depuis l’apparition du Covid-19, cette aide n’a pas semblé mettre un terme à la dégradation de la situation économique, du moins dans le secteur du tourisme. C’est à ce moment-là que le directeur général du King Fahd Palace a décidé de mettre au chômage 76 membres de son personnel sur un total de 310. Les personnes licenciées ont été informées par SMS, invoquant le « motif économique » pour mettre fin à leurs services. Le message ajoutait que la mesure prendrait effet le 1er mars 2021 et que le courrier officiel les attendait à la direction des Ressources humaines de leur établissement. Cette période a été extrêmement difficile pour ces pères et mères de famille qui ont travaillé d’arrache-pied pour hisser le niveau de l’hôtel là où il est aujourd’hui. En réalité, bien avant leur licenciement, ces ex-employés avaient passé de longs mois, depuis l’apparition du Covid-19, à ne percevoir que la moitié de leur traitement, grâce, selon eux, à « l’appui de l’État à travers le Fonds de résilience économique ». Pourtant, l’ancien chef de l’État avait demandé aux entreprises, y compris les hôteliers, de ne pas procéder à des licenciements en contrepartie des aides en matière de fiscalité et de facilités sur les prêts bancaires. Alors même que la direction se débarrassait de ses 76 employés, l’hôtel recrutait de nouvelles têtes, malgré la demande de l’inspection du travail de réintégrer les licenciés. Hélas, rien n’a été fait. Le directeur général Racine Sy n’est pas disposé à réintégrer les employés licenciés, confie un ancien employé de l’hôtel : “ces postes sont destinés à sa base politique ainsi qu’à ses parents et amis. C’est pourquoi nous affirmons que ces licenciements ne sont qu’un règlement de comptes pour se débarrasser d’honnêtes travailleurs afin de recruter sa base politique, qui n’a aucune expérience”. Cependant, ces 76 employés ne comptent en aucun cas baisser les bras, malgré cette longue bataille qu’ils mènent depuis maintenant trois ans.

Séré Diagne : « À l’hôtel King Fahd, on avait même un 13e mois »

Standardiste de décembre 1991 à avril 2002, aide gouvernante de 2002 à 2003, puis standardiste jusqu’en 2006 avant de devenir réceptionniste caissière, puis agent de réservation à l’hébergement de 2008 à 2021, Séré Diagne fait partie des anciens de l’hôtel King Fahd Palace. « Je fais partie des employés qui ont ouvert l’hôtel en décembre 1991″, précise cette brave dame, qui se souvient que « les employés de l’hôtel travaillaient dans une ambiance de paix, nous étions comme une famille. Après notre formation, nous étions formés par brigade, de 8h à 16h et de 16h à minuit, dans de bonnes conditions avec la chaîne Méridien. L’administration de l’hôtel nous avait signé des contrats à durée indéterminée en avril 1992. Durant notre carrière de 1991 à 2012, les employés ont travaillé avec la chaîne Méridien, puis Starwood est arrivé. Nous étions dans de bonnes conditions, avec tous les acquis. Les employés bénéficiaient même d’une formation. Il y avait l’élection du meilleur employé du mois et même de l’année. Celui du mois recevait des cadeaux, et le meilleur employé de l’année avait droit à un séjour dans un autre hôtel du Méridien en Europe. Pour les fêtes de Tabaski et de Korité, ainsi que pour l’ouverture des écoles, nous avions droit à des primes. À l’hôtel King Fahd, on avait même un 13e mois. Les employés étaient vraiment bien traités ».  Cependant, tous ces privilèges ont, selon Séré Diagne, changé avec l’arrivée de Racine Sy en 2012 « Au début de son installation en tant que directeur de l’hôtel, il avait promis de doubler nos salaires. Mais au contraire, Racine Sy a instauré la guerre à l’hôtel. Les anciens le dérangeaient. Il ne voulait plus de nous. En réalité, M. Sy a l’habitude d’être entouré de béni-oui-oui. Or, au King Fahd, les travailleurs lui avaient tenu tête avec notre secrétaire général Véronique Ndour. Ce que Racine n’a pas accepté, et en réponse à cet entêtement, le directeur a licencié de nombreux travailleurs, avec des demandes d’explications et des mises à pied de huit jours. Il y avait le stress, et M. Sy avait fini par installer un clan à l’hôtel, sans compter les recrutements qu’il faisait. Il a amené ses amis et sa famille, sans parler des gratuités. Chaque week-end, des personnalités venaient à l’hôtel King Fahd avec pension complète et hébergement. Parfois, elles pouvaient rester jusqu’à deux semaines. Cela a continué jusqu’en mars 2021, avec l’arrivée du Covid. À ce moment-là, il a profité de la situation pour nous mettre en chômage technique. Pourtant, le président Macky Sall avait exigé que nous soyons payés à 70 % de notre salaire. Racine a suivi cette décision du président Sall juste pendant deux mois. À partir de là, il ne nous a plus payés qu’à 50 % de notre salaire. Un jour, nous avons reçu des messages de licenciement par téléphone, ce qui est horrible. Il y a même eu des décès à cause du climat ô combien difficile que le directeur général avait instauré à l’hôtel, sans oublier les familles qui se sont brisées et surtout les enfants qui ont été renvoyés de l’école parce que leurs parents ne pouvaient plus payer. Le pire, c’étaient les engagements bancaires, car il y avait des employés qui avaient fait des prêts. Alors qu’ils ne s’y attendaient pas, ils se retrouvaient sans salaire. Ils ont été obligés de vendre les terrains que l’État leur avait octroyés ainsi que leurs biens pour subvenir à leurs besoins. Car Racine Sy, qui avait reçu l’aide de l’État durant le Covid, avait payé un an aux 76 employés, congés compris, sur 30 ans de service. L’argent avait été viré à la banque, et comme nous avions des prêts, la banque a tout pris, jusqu’à nous dire que nous devions de l’argent ». Ces ex-employés de l’hôtel King Fahd ont de l’espoir avec les nouvelles autorités. Ils ont foi en leur capacité à régler le problème.

Séraphine Nalane : « Il y a eu des démissions à cause du comportement de Racine Sy »

Dans la section restauration depuis 22 ans, Séraphine Nalane revient sur la gestion de Racine Sy depuis la pandémie de Covid-19 en 2021, où le directeur les avait envoyés en chômage technique pour un délai de trois mois. « Suivant l’organisation, il devait y avoir un roulement entre les équipes tous les trois mois. Mais quelle a été notre surprise lorsque, en février 2021, l’administration de l’hôtel nous envoie un SMS nous informant de notre licenciement. Tous les 76 employés du King Fahd qui ont été renvoyés étaient des anciens avec des contrats à durée indéterminée. Lorsque Racine est arrivé en 2012, il n’a cessé de faire la guerre aux anciens employés de l’hôtel, les poussant vers la sortie. Il y a même eu des démissions à cause de son comportement. Les 76 employés licenciés, qui travaillaient à l’hôtel depuis l’époque Méridien, ont été renvoyés alors que le chef de l’État à l’époque, Macky Sall, avait mis en garde les patrons d’hôtels contre les licenciements abusifs. Pour cela, il avait signé un pacte de stabilité. Cependant, au King Fahd, un hôtel appartenant à l’État du Sénégal, non seulement Racine Sy a bénéficié de l’argent de l’État, mais il a également fait fi de toutes les directives du président. Tout cela est extrêmement regrettable, et nous espérons que ce problème sera réglé au plus vite ».