La déclaration du Premier ministre Ousmane Sonko concernant la découverte d’un compte bancaire avec une somme de 1000 milliards de FCFA a suscité une vive polémique dans le paysage politique sénégalais. Lors d’un grand meeting à Thiès, où il s’est exprimé devant une foule de militants, le leader de Pastef a raillé les opposants, les accusant de manquer de programme pour les élections législatives de 2024. Si certains doutent de la véracité de cette déclaration, d’autres estiment que ce montant est effectivement plausible, malgré son caractère exceptionnel. Est-ce possible donc d’avoir, pour un particulier, 1000 milliards de FCFA dans un seul compte ? Éléments de réponses. Un économiste, contacté par la rédaction de SeneNews se montre très sceptique. « Je ne crois pas à la déclaration de M. Ousmane Sonko, leader du parti Pastef. Comment une personne peut-elle avoir autant d’argent sur un compte bancaire ? Rien que dans la zone UEMOA, quiconque dépose une somme de trois millions se voit demander des justificatifs. Alors un compte avec 1 000 milliards ? Je pense que c’est un discours de campagne destiné à mobiliser les électeurs », a réagi notre interlocuteur, ajoutant que le dépôt d’une somme aussi importante susciterait automatiquement des soupçons quant aux activités de son détenteur. Cependant, la rédaction s’est également approchée d’un agent contrôleur des impôts et domaines, lequel nuance : « La révélation de Sonko n’est qu’une partie de l’iceberg. Un tel montant ne signifie pas que cette somme est intégralement disponible en liquidité ; il s’agit souvent de chiffres affichés pour des raisons comptables. D’ailleurs, Ousmane Sonko, qui maîtrise bien les données financières, se trompe rarement sur ces aspects. » L’agent en question nous explique également que la somme mentionnée pourrait se référer à des prévisions ou des engagements financiers futurs, comme dans le cas du budget de l’État. « Lorsque l’État présente un budget de 4 000 milliards, cette somme n’est pas déposée dans un compte unique ; elle correspond à des projections pour financer différents ministères. De même, des prévisions pour les revenus pétroliers, les impôts sur les sociétés, et la TVA entrent dans ces calculs, sans qu’il y ait nécessairement une somme équivalente en espèces. » Selon le contrôleur des impôts et domaines toujours, Ousmane Sonko n’est pas seulement un politicien, mais aussi un sociologue qui comprend les ressorts de l’indignation populaire. « La finance est son domaine, et il sait précisément quels sujets touchent les Sénégalais. L’exemple de l’affaire des 94 milliards en est la preuve : au lieu de lancer une enquête technique, le débat a été porté dans l’arène parlementaire, où les parlementaires ont été invités à se prononcer, sans réels moyens d’enquête. » Il poursuit : « Il faut comprendre qu’Ousmane Sonko utilise ces déclarations pour capter l’attention des Sénégalais sur des sujets cruciaux. Alors que ses opposants se limitent à des débats d’opinion, Sonko, lui, continue de mobiliser. » Enfin, il conclut sur une distinction essentielle dans la perception de l’argent au Sénégal : « Quand on parle d’argent, la plupart pensent à de la liquidité. Mais les détournements passent par des factures fictives et des écritures comptables, rarement en billets. Ces montants peuvent parfois être générés par des licences revendues ou des transactions avec des exploitants. » La durée et l’origine exacte de ce compte indexé par le Premier ministre Ousmane Sonko restent à déterminer.