peche - Senenews - Actualité au Sénégal, Politique, Économie, Sport

Le partenariat de pêche entre le Sénégal et l’Union Européenne (UE) a longtemps fait l’objet de discussions passionnées, notamment en raison des faibles retours financiers pour le Sénégal, face à des bénéfices colossaux pour l’UE. Le dernier protocole, signé le 18 novembre 2019, est venu à expiration le 17 novembre 2024, sans qu’aucune reconduction ne soit envisagée. Si cet accord visait à promouvoir une pêche durable et à renforcer la coopération entre les deux parties, les résultats semblent bien en deçà des attentes du côté sénégalais. Le ministre sénégalais de la Pêche, Fatou Diouf, a récemment fait un état des lieux de la mise en œuvre de cet accord. Selon ses déclarations, le Sénégal a perçu un montant global de 9,946 millions d’euros, soit environ 6,524 milliards de F CFA sur les cinq années de l’accord. Une somme relativement modeste, compte tenu des ressources halieutiques sous juridiction sénégalaise, et des engagements pris par les deux parties. En comparaison, l’Union Européenne a engrangé des bénéfices bien plus importants, avec un chiffre d’affaires estimé à 2,620 milliards de F CFA en 2023 seulement. Le fossé entre ce que le Sénégal reçoit et ce que l’Europe encaisse est frappant.

Les bénéfices pour l’UE : une pêche florissante

Un des points les plus inquiétants soulevés par le ministre est le non-respect de certains engagements financiers de la part de l’UE. Par exemple, l’appui institutionnel prévu était de 4,5 millions d’euros (environ 3,9 milliards de F CFA), mais le Sénégal n’a reçu que 3,6 millions d’euros, soit environ 2,3 milliards de F CFA, laissant un reliquat de près de 600 millions de F CFA. De même, pour les redevances liées à l’accès aux ressources halieutiques, le Sénégal n’a perçu que 2,346 millions d’euros (1,538 milliards de F CFA) sur les 4,430 milliards de F CFA initialement prévus. Alors que le Sénégal peine à bénéficier des retombées financières de cet accord, l’Europe continue de récolter des profits substantiels. En 2023, les armateurs européens ont généré un chiffre d’affaires d’environ 2,620 milliards de F CFA grâce à la pêche dans les eaux sénégalaises, bien au-delà des paiements effectués au Sénégal. Ce déséquilibre soulève de nombreuses questions sur l’efficacité du protocole pour garantir un partage équitable des ressources entre les deux partenaires. Ce déséquilibre soulève également des inquiétudes concernant l’impact de cet accord sur l’économie locale et la souveraineté des ressources maritimes du Sénégal. Malgré les promesses de durabilité et de respect de l’environnement, de nombreux observateurs estiment que l’accord a favorisé une exploitation intensive des ressources sénégalaises, au détriment de la population locale. Les pêcheurs sénégalais se retrouvent souvent dans une situation désavantageuse, confrontés à une concurrence déloyale de la part de flottes étrangères bénéficiant de conditions privilégiées.