Le siège de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a abrité hier la première réunion statutaire de l’année 2025 de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA). Au cœur des discussions : l’avancement des projets clés pour la mise en place d’une monnaie unique africaine, la consolidation de l’intégration financière du continent, et les défis économiques actuels. Réunis à Dakar, les membres de l’ABCA ont salué l’adoption des statuts de l’Institut Monétaire Africain (IMA), approuvés lors de la réunion ministérielle du Comité Technique Spécialisé (CTS) en novembre 2024. L’IMA, basé à Abuja (Nigeria), servira d’organe transitoire en vue de la création de la Banque Centrale Africaine (BCA). Comme l’a rapporté L’As, ses missions couvriront des aspects techniques, juridiques, institutionnels et statistiques en vue du lancement d’une monnaie unique africaine. Présidant la séance, Dr Raman Krishna Sithanen, président de l’ABCA et ancien ministre des Finances de Maurice, a appelé à une intensification de l’intégration monétaire et financière. Il a dénoncé le coût élevé des envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne, estimé à 8,37 % selon le rapport 2024 de la Banque mondiale. Il a plaidé pour des solutions alternatives afin de réduire ces frais et renforcer les flux financiers intra-africains. Un autre point clé de la rencontre concerne l’élaboration d’une stratégie continentale d’intégration des paiements mobiles. L’objectif affiché est de faciliter les échanges commerciaux intra-africains et de promouvoir l’inclusion financière, en appui à la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF). Cette initiative s’inscrit dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine, qui vise à faire passer la part des échanges intra-africains de 12 % en 2013 à 50 % d’ici 2045. S’exprimant à l’ouverture des travaux, Jean-Claude Kassi Brou, gouverneur de la BCEAO, a salué la volonté des États de bâtir un système monétaire africain « intégré, stable, résilient et porteur d’opportunités ». Il a toutefois mis en garde contre un environnement international incertain, marqué par la montée des tensions commerciales, les aléas climatiques et la pression croissante sur la soutenabilité des dettes publiques. Selon L’As, il a également souligné que malgré ces défis, la croissance économique du continent est projetée à 6,4 %, tandis que l’inflation devrait se maintenir dans la fourchette cible de 1 à 3 %. Le gouverneur a réaffirmé l’engagement de la BCEAO en faveur de la coopération monétaire africaine, insistant sur la nécessité de renforcer la collaboration entre les banques centrales, les instituts monétaires régionaux et les institutions internationales. Le journal L’As mentionne que cette coopération est perçue comme un rempart contre la vulnérabilité économique croissante de certains États africains. Parmi les dossiers phares examinés figurait aussi la proposition de création d’une agence de notation financière africaine, adaptée aux réalités locales et placée sous l’égide de l’Union africaine. Une telle agence permettrait, selon Dr Sithanen, de réduire la dépendance aux agences occidentales et d’attirer davantage d’investisseurs institutionnels. Comme le souligne L’As, il a salué le potentiel de la ZLECAF, tout en regrettant son sous-usage dû à un déficit d’infrastructures, de financements et de facilités douanières. Appelant à une plus grande autonomie des États dans la mobilisation des ressources internes, le président de l’ABCA a encouragé les pays africains à adopter les normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT), tout en modernisant leurs législations nationales. Il a également invité les États à « se tenir debout » face à une aide publique au développement jugée insuffisante et à entreprendre les réformes nécessaires pour améliorer leur attractivité. Enfin, cette rencontre marque une nouvelle étape dans le long processus vers une souveraineté monétaire africaine, où se conjuguent ambitions économiques, stabilité financière et volonté d’unité continentale. Selon L’As, les discussions techniques, politiques et stratégiques autour de cette future monnaie unique africaine devraient s’intensifier dans les mois à venir.