
Le Sénégal rejoint le Gabon et le Mozambique dans le trio africain au bord de la faillite, selon Bloomberg, qui donne l’information. Les obligations sénégalaises ont chuté à de nouveaux niveaux records, plaçant ce pays d’Afrique de l’Ouest en situation de détresse financière, selon une mesure largement considérée comme le seuil qui exclut les nations des marchés financiers mondiaux. La prime de risque souveraine des obligations du Sénégal par rapport aux bons du Trésor américain s’est creusée à 1 077 points de base, un niveau qui place le pays parmi les autres émetteurs africains dont la dette se négocie à un niveau proche de 1 000 points de base, considéré comme un indicateur de difficultés graves. L’écart de rendement du Mozambique est de 965 points de base, et celui du Gabon s’est établi au‑dessus de ce seuil en début de mois. Cette situation traduit l’inquiétude croissante des marchés : les titres souverains sénégalais affichent une flambée de rendement — dépassant 20 % pour certains emprunts à long terme — et un effondrement des cours, signe que les investisseurs anticipent un risque de défaut imminent ou de restructuration. Un renversement rapide de la perception du Sénégal, autrefois considéré comme un pays « refuge » ou modéré dans la région. À l’origine de cette crise, plusieurs facteurs s’additionnent. D’abord, un audit récent a révélé des dettes non déclarées sous l’administration précédente, faisant bondir le ratio dette/PIB à plus de 130 %. Ensuite, un programme d’aide du FMI a été suspendu, faute de nouvel accord. Enfin, le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko a publiquement rejeté toute idée de restructuration de la dette, estimant qu’elle serait « une honte » pour le pays — posture qui a encore affolé les marchés. Le cas sénégalais rejoint ainsi celui du Gabon et du Mozambique : dans ces pays aussi, la prime de risque a franchi la barre de 1 000 points de base et les investisseurs les jugent désormais « hors marché » sans renégociation ou restructuration profonde. Pour le Sénégal, cela signifie un accès désormais très restreint aux marchés internationaux de capitaux, un coût d’emprunt prohibitivement élevé et une pression accrue sur le budget de l’État. À court terme, la question qui se pose est celle de la trajectoire de redressement : pourra-t-on stabiliser la dette, restaurer la confiance des créanciers, ou faudra-t-il opter pour une restructuration plus formelle ? Le gouvernement affirme privilégier la mobilisation interne des ressources fiscales plutôt que de céder à une renégociation. Mais cet axe fragile devra produire des résultats rapides pour convaincre. En l’absence de rétablissement de la confiance, le Sénégal pourrait bien basculer dans une crise de paiements, avec toutes les conséquences que cela implique pour son économie, ses finances publiques et sa stabilité politique.