
Les Euro-obligations sénégalaises ont enregistré lundi à l’ouverture des marchés une chute spectaculaire. Selon Bloomberg, les titres à échéance en décembre 2031 se négociaient à 71,36 cents pour un dollar à Londres, tandis que ceux arrivant à maturité en 2048 sont tombés à 58,82 cents pour un dollar, marquant la plus forte baisse jamais observée en clôture. Cette dégringolade fait suite au refus assumé samedi par le Premier ministre sénégalais de procéder à une restructuration de la dette, malgré les pressions du FMI et des partenaires internationaux. Le Fonds monétaire international et d’autres bailleurs de fonds souhaitaient imposer des mesures jugées drastiques, telles que la suppression de plusieurs subventions sur des produits essentiels, incluant l’électricité, le carburant et certaines denrées alimentaires. Ces mesures, selon le gouvernement, risqueraient de plonger le pays dans une crise sociale ingérable. Le refus du Premier ministre vise à protéger les populations tout en appelant à une participation citoyenne pour financer le Plan de redressement économique et social, privilégiant une approche nationale plutôt que des solutions externes aux conséquences lourdes. Pour restaurer la confiance et amorcer un redressement crédible, plusieurs réformes structurelles sont jugées urgentes. L’annonce de la réforme des Fonds secrets constitue une avancée, mais son application rapide doit être considérée avec la même priorité que l’instauration de nouvelles taxes. De même, la rationalisation des véhicules de la haute administration, avec l’abandon des gros bolides au profit de berlines plus économiques, est un geste symbolique qui doit accompagner des actions concrètes de transparence et d’économie dans la gestion publique. Le gouvernement doit poursuivre la réorganisation des agences, directions et présidences de conseils d’administration, afin de réduire les dépenses inutiles et d’optimiser les ressources publiques. Face à l’ampleur des défis économiques et financiers, il est impératif que les sacrifices commencent au sommet de l’État pour que les citoyens constatent que leurs dirigeants partagent également la rigueur et la discipline budgétaire. Le Sénégal se trouve ainsi à un tournant décisif où crédibilité, transparence et bonne gouvernance détermineront la réussite du redressement national.