

Dans sa stratégie de gestion de la dette à moyen terme, l’État du Sénégal a livré les chiffres arrêtés à fin décembre 2024, à la suite de la publication du rapport de la Cour des comptes et de l’audit indépendant réalisé par le cabinet Forvis Mazars. Selon des informations publiées par Libération, ces données sont désormais consolidées et intégrées dans le document officiel élaboré par le ministère des Finances et du Budget, dans le cadre de la mise en œuvre de la loi 2012-22 du 27 décembre 2012, portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques. Le document, dont Libération a eu connaissance, précise qu’à fin décembre 2024, l’encours de la dette publique de l’administration centrale s’élevait à 23 666,8 milliards de F CFA. Rapporté au PIB nominal de 2024, cet encours représente 119 % du produit intérieur brut, avec une composition marquée par 31,7 % de dette intérieure et 68,3 % de dette extérieure. Toujours d’après Libération, le stock de la dette publique extérieure est arrêté à 16 160,5 milliards de F CFA, soit 81,2 % du PIB. Il se compose principalement de dette concessionnelle et semi-concessionnelle contractée auprès de créanciers multilatéraux et bilatéraux (51 % de la dette extérieure) et de dette commerciale à hauteur de 49 %, incluant 18,3 % d’Eurobonds émis sur le marché international et 11,2 % de crédits à l’exportation. Par ailleurs, le même rapport, consulté par Libération, indique que l’encours de la dette intérieure est évalué à 7 506,3 milliards de F CFA, soit 37,7 % du PIB. Le stock d’obligations du Trésor d’une maturité de trois à cinq ans représente 34,5 % de l’encours de la dette en monnaie locale, tandis que la dette contractée auprès des banques locales ressort à 28,7 %. À la même date, le stock de dette concessionnelle (27,7 %) et semi-concessionnelle (6,8 %) représente 34,5 % du portefeuille total, contre 64,5 % de dettes contractées à des conditions commerciales. Libération précise également que 68,3 % du total de la dette est libellé en devises étrangères, la part en dollars US et devises assimilées représentant 39,8 % du stock global et 58 % de la dette extérieure. Toujours selon Libération, à fin décembre 2024, 20 % du stock de la dette totale est contracté à taux variable, exposant ainsi le portefeuille à diverses vulnérabilités, notamment le risque de change. En effet, près de 40 % de la dette publique est libellée en dollars US, ce qui accroît la sensibilité aux fluctuations des taux de change. Le coût de la dette constitue également un facteur de fragilité : environ 32 % de la dette extérieure et un peu plus de 27 % de la dette domestique, soit un peu plus de 30 % de la dette totale, doivent être refixés dans un délai d’un an. Le coût moyen pondéré de la dette globale s’établit ainsi à 4,3 %, les charges étant légèrement plus élevées sur le marché domestique, selon les détails repris par Libération. Le même rapport, cité par Libération, souligne que la durée moyenne d’échéance (ATM) de la dette intérieure est limitée à 3,2 ans, en raison des émissions d’obligations sur des maturités plus courtes (3 et 5 ans) au cours des trois dernières années. Pour la dette extérieure, l’ATM atteint 8,4 ans, une évolution liée notamment au rapprochement des échéances des Eurobonds et à la contractation de dettes commerciales de courte maturité et à différé limité. Il est également précisé que 27 % de la dette domestique est exigible dans un délai d’un an, un niveau jugé préoccupant par plusieurs experts interrogés par Libération. Quant à la durée moyenne à refixer (ATR), elle ressort à 7,2 ans pour la dette extérieure et 3,2 ans pour la dette intérieure, ce qui traduit un recours accru à des instruments à taux variable et à des emprunts de très court terme. En conséquence, l’ATR de la dette publique totale se situe à 5,9 ans à fin 2024. La part de la dette à refixer dans un an est évaluée à 30,4 % du stock total, selon les données du ministère citées par Libération. Enfin, le document met en évidence un pic de remboursement concentré entre 2025 et 2028. Libération rapporte que le pic le plus important, attendu en 2025, s’explique principalement par l’intégration des corrections apportées sur l’encours de la dette bancaire, à la suite de l’exercice de réconciliation des données mené par le cabinet Forvis Mazars, dans le cadre de ses travaux d’inventaire consécutifs au rapport de la Cour des comptes de février 2025. Les pics observés entre 2026 et 2028 correspondent, eux, au remboursement du principal de l’Eurobond de 2018, amortissable sur trois ans, ainsi qu’à l’échéance d’autres instruments financiers contractés sur le marché des titres publics.