Le Sénégal avait annoncé en juillet dernier le lancement de son exercice de rebasage du Produit intérieur brut (PIB). Mais depuis, silence radio. Pendant ce temps, la Guinée, qui a rapidement mené à bien ce processus, vient de ravir au Sénégal sa deuxième place au rang des économies d’Afrique de l’Ouest francophone, derrière la Côte d’Ivoire. En juin 2025, Conakry a finalisé le rebasage de son PIB, un exercice entamé depuis 2017 avec l’appui de la Commission économique pour l’Afrique (CEA). Le pays s’aligne désormais sur le Système de comptabilité nationale 2008 (SCN 2008), adopté à l’international. Résultat : son PIB est désormais estimé à plus de 37 milliards d’euros, contre 32,27 milliards pour le Sénégal, selon Jeune Afrique. La Guinée mise en outre sur des atouts solides. Le projet Simandou, la plus grande mine de fer au monde (2,8 milliards de tonnes de minerai), devrait entrer en production d’ici la fin de l’année, avec un investissement de 15 milliards de dollars pour une capacité annuelle estimée à 120 millions de tonnes. Déjà premier exportateur mondial de bauxite, Conakry a porté sa production à 145 millions de tonnes en 2024. Cette dynamique séduit les marchés. L’agence Standard & Poor’s a attribué à la Guinée la note souveraine B+/B, perspectives stables, alors que le Sénégal a été rétrogradé à B-, perspective négative. L’agence prévoit pour Conakry une croissance moyenne de 9,5 % entre 2026 et 2028 grâce au démarrage de Simandou. Toutefois, la Guinée reste confrontée à d’importantes fragilités : une forte dépendance au secteur minier, une instabilité politique récurrente et des déficits en infrastructures et services sociaux. De son côté, le Sénégal prépare toujours son rebasage. Le ministère des Finances avait indiqué en juillet que l’exercice permettra de refléter plus fidèlement la structure actuelle de l’économie nationale. En intégrant de nouveaux secteurs en plein essor, le pays espère rehausser son PIB et, mécaniquement, améliorer son ratio dette/PIB.