8061f236 1001 4aef 9316 4d34df9f3803 - Senenews - Actualité au Sénégal, Politique, Économie, Sport

La tentation est parfois grande de garder du liquide chez soi. Mais malgré ce danger, des milliards de nos francs en liquide sont exhibés au Sénégal. Et pourtant, la méthode la plus ancienne de blanchiment d’argent et qui a fait ses preuves depuis bien longtemps reste l’argent liquide, avec des dépôts et des retraits qui compliquent le traçage et la surveillance des fonds illicites. Le cash fournit l’anonymat et la flexibilité dont les personnes malveillantes ont besoin et c’est de loin la méthode préférée de toute personne qui veut blanchir de l’argent. Connaissant ces méthodes l’on s’interroge sur le silence de Dame justice à propos de ces valises d’argent dont certains citoyens se trimbalent avec. L’on a d’abord vu le cas de Mbackiyou Faye à Touba, remettant plus de deux milliards de nos francs au khalife général des mourides Serigne Mountakha Mbacké, en guise d’Adiya. Avant lui, d’autres célébrités ont été poursuivies par la clameur pour circulation de sommes d’argent importantes en liquide. Mais est-il interdit par la loi en vigueur de détenir certaines sommes d’argent en liquide ? Qu’en est-il de la réglementation en vigueur sur les transactions au-delà de certains montants ? La directive de l’UEMOA sur les transactions en espèces  Une question qui mérite d’être posée étant donné que la monnaie locale, le franc CFA, utilisé par tous les États membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), soit adossé  sur l’euro. Par conséquent, les pays de l’UEMOA, et donc le Sénégal, n’ont pas de contrôle sur les flux de leur propre monnaie, qui est en outre imprimée en France. C’est ainsi, que l’institution financière a mis au pied la directive n°7/2002/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux dans les États de l’UEMOA qui a été adoptée le 19 septembre 2002 conformément aux recommandations des instances internationales et sous régionales. Elle vise à protéger l’intégrité du système financier en empêchant l’utilisation des fonds illicites. Cependant et malgré ces règles établies, le blanchiment d’argent persiste. Et rien n’interdit à une personne de détenir de grosses sommes d’argents chez lui. Maintenant, la législation encadre de manière stricte la provenance et la mise en circulation de cet argent. Par exemple, si de fortes sommes d’argent sont trouvés chez une personne et qu’il y a une justification, il ne peut y avoir aucun problème, sous réserve des textes de la BCEAO qui exigent que « les paiements se fassent par chèque ou par banque, au-delà d’un certain montant ». L’argent liquide, le moyen préféré des malfaiteurs pour blanchir leur argent sale Or, l’argent liquide étant l’essence même du blanchiment d’argent, du trafic de stupéfiants et de nombreuses activités criminelles, la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (Centif) est dans l’obligation de communiquer « toute transaction en espèces (versement ou retrait) d’un montant supérieur à 15 millions FCFA ». Aussi, au-delà de la polémique sur les valises d’argent exhibés, la flexibilité de l’immobilier est très favorable pour blanchir de l‘argent. En effet, c’est un moyen qui permet de dissimuler l’origine des fonds de l’investissement et l’identité du propriétaire, rend le secteur attractif pour quiconque souhaite faire passer des fonds illicites dans l’économie légitime. En 2011 déjà, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) affirmait que la facilité d’acquisition de biens immobiliers au Sénégal était exploitée par les trafiquants de drogue basés en Europe dans le but de blanchir de l’argent. L’absence de registre central et le recours à des noms d’emprunt par les investisseurs constituent une couverture. Cette situation constitue donc une menace pour la stabilité du système financier du Sénégal au regard des conséquences qui pourraient résulter des arrêts et des restrictions dans les relations de correspondance bancaire.