ousmane sonko 1 - Senenews - Actualité au Sénégal, Politique, Économie, Sport

Après une première mesure visant à baisser les prix de certaines denrées, les nouvelles autorités, contre toute attente, annoncent une nouvelle réduction des prix, et ce, dans une période qui ne semble pourtant pas s’y prêter. C’est le Premier ministre, Ousmane Sonko, qui a annoncé, vendredi dernier, devant les députés, une seconde phase des mesures de réduction du coût de la vie, après une première intervenue au mois de juin. « Bientôt, il y aura la seconde phase des mesures de réduction du coût de la vie. Le chef de l’État annoncera cette baisse des prix aux Sénégalais », a-t-il déclaré lors de la séance de Questions d’actualité au gouvernement. Une très bonne nouvelle, certes, pour les populations, mais qui suscite également des interrogations sur les moyens que l’État du Sénégal compte mobiliser pour concrétiser cette volonté, au moment où le dernier rapport de la Cour des comptes laisse entrevoir une situation économique préoccupante, à tel point que les salaires des fonctionnaires pourraient être revus à la baisse. « La situation économique n’est pas si alarmante que le décrit le nouveau régime. » Cette déclaration de l’économiste Moubarack Lô prend tout son sens face à cette décision de réduire les prix des denrées dans un contexte de crise économique. Le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, lui-même, n’avait-il pas affirmé que le Sénégal ne disposait plus d’aucune marge de manœuvre, ni financière ni budgétaire ? Le Premier ministre avait, quant à lui, décrit la situation économique du pays comme étant au « quatrième sous-sol ». Dans ce contexte, la question se pose : comment l’État pourra-t-il réduire les prix ? « La première alternative pour alléger le coût des produits de première nécessité, tels que le riz, l’huile, la farine et le pain, serait que l’État renonce à une partie de la TVA qui s’applique à ces articles. Sans cette taxe de 18 %, une baisse immédiate des prix pourrait être observée. Cependant, il est difficile de garantir que les commerçants répercuteront cette réduction sur les consommateurs, plutôt que d’en profiter pour accroître leurs marges de profit. Pour l’État, cela représenterait également un important manque à gagner », explique le politologue Chérif Dieng. Afin de dissiper ces craintes, le Premier ministre Ousmane Sonko a assuré que cette fois-ci, le travail a été effectué en concertation avec les commerçants. « L’implication des acteurs du secteur reste indispensable, dans un contexte où les ménages sénégalais attendent une baisse des prix des denrées de première nécessité comme le riz, l’huile et le sucre », a-t-il souligné. Dans le contexte actuel, l’État du Sénégal doit consentir d’importants sacrifices pour réduire le coût de la vie. Au-delà des exonérations fiscales, une stratégie a déjà été mise en place pour atteindre cet objectif, selon le député Alla Kane. Il évoque notamment « la création d’une structure de financement solide et la promotion du concept Baay Doundé à travers les huit pôles de développement économique et les agro-pôles », qui constituent, avec l’accès à la terre, des leviers essentiels. Par ailleurs, le ministre Serigne Guèye Diop a souligné que, « à l’image des pays fortement industrialisés, la voie du salut passe nécessairement par une endogénéisation de l’économie ». Autrement dit, comme l’indique un document publié par le ministère, il s’agit d’« accompagner et protéger les commerçants et industriels sénégalais afin d’assurer une croissance économique soutenue et durable ».