Alors qu’il était en train de panser ses plaies causées par un incendie ravageur et les suspensions répétées du signal de sa chaîne de télévision, le groupe de presse WalFadjri s’est vu asséner un coup violent par les impôts. En effet, par le biais d’un avis à tiers détenteur, tous les comptes du groupe de Front de Terre sont actuellement bloqués par le fisc. Cela fait suite à un redressement fiscal envoyé à la direction du groupe il y a quelques semaines. L’héritage de Sidy Lamine Niass tangue, la chute n’est plus impossible. Lors d’une assemblée générale, le président-directeur général du Groupe Walfadjri, Me Cheikh Niass, a fait un état des lieux alarmant de la situation actuelle des entreprises de presse. Ce rassemblement, qui a réuni l’ensemble du personnel du groupe, a été l’occasion pour Me Niass de tirer la sonnette d’alarme sur plusieurs défis majeurs auxquels le secteur est confronté. En réalité, soutient le PDG de Walf, « la situation est rendue plus complexe par la résiliation des conventions de partenariat et la menace persistante d’une coupure du signal télé par la Télédiffusion du Sénégal (TDS). Ces mesures pourraient sérieusement compromettre la diffusion et l’accessibilité des contenus produits par le groupe ». Une solution d’ouverture de capital en perspective Face à ces défis, le PDG a révélé une proposition potentiellement transformative pour le groupe : l’ouverture de son capital au public ou à des partenaires financiers. En permettant à des investisseurs externes de participer au capital, le groupe espère non seulement diversifier ses sources de financement mais aussi stabiliser sa situation financière précaire. Ce qui, selon l’analyste politique de SeneNews, “en dit long sur l’état des comptes. Un dépôt de bilan n’a pas été annoncé et on est encore loin d’une liquidation judiciaire, mais la situation semble catastrophique.” Il faut dire que le groupe a été victime, depuis quelque temps, d’événements malheureux comme l’incendie de ses locaux et l’avis à tiers détenteur (ATD) sur ses comptes du fait du fisc. Une situation qui n’est certainement pas étrangère aux départs de certains de ses journalistes et chroniqueurs comme Pa Assane Seck et Awa Diop Ndiaye. Cette faillite progressive du groupe n’est pas spécifique à Walf, un monument de la presse sénégalaise. Elle est quasi-générale et touche nombre de groupes, dont Africome, qui vient d’arrêter les publications de ses quotidiens « Stade » et « Sunu Lamb ». La situation au niveau d’autres organes comme Emedia, 7TV et autres n’est pas meilleure. D’ailleurs, la Coordination des associations de presse (CAP), qui regroupe l’association du patronat et les associations de journalistes, a rendu public un communiqué ce vendredi pour dénoncer le « mépris » dont elle fait l’objet de la part des nouvelles autorités qui refusent de les recevoir pour discuter des difficultés des organes de presse. Car, souligne l’expert en politique, « un des problèmes de la presse est la pression fiscale et l’absence d’accès à la publicité, sans oublier la concurrence sauvage qui règne dans le secteur ». S’agissant spécifiquement de Walfadjiri, Assane Samb est d’avis que « tout indique que son défunt fondateur, Sidy Lamine Niass, tenait la boîte grâce à des astuces dont il avait, seul, le secret. Cheikh, son successeur, a du mal à maintenir le cap et à tenir la barque. C’est pourquoi celle-ci prend de l’eau et va finir par couler ». D’où la nécessité, pour les nouvelles autorités, de prendre à bras-le-corps ces problèmes pour préserver ces outils démocratiques que sont les organes de presse et les nombreux emplois menacés.