Le tourisme aussi est affecté ! Le report de la présidentielle, en plus de créer une crise institutionnelle et d’engendrer des troubles un peu partout dans le pays, touche également des secteurs clés de l’économie. Le tourisme sénégalais, déjà affaibli par plusieurs facteurs, est profondément touché. Les acteurs et le patronat déplorent une décision qui sème l’instabilité dans le pays, impactant considérablement ce secteur.
Le Sénégal, une destination à risques
Cherif Dieng, propriétaire d’hôtels et expert consultant en tourisme, affirme que le secteur du tourisme reste le plus touché par cette crise politique. « Vous savez, le tourisme est un secteur transversal touchant tous les sous-secteurs de l’économie. Par exemple, dans mes installations à Saly Portudal, j’avais fait le plein de réservations jusqu’au mois de mars. Malheureusement, en 72 heures, toutes les réservations ont été annulées », souligne-t-il. « Le Sénégal devient une destination à risque pour les touristes. Les hôtels sont vides, ce qui affecte également les fournisseurs, comme les aviculteurs, qui sont exposés à une surproduction risquant de les mener à la faillite. Les bus qui transportent les touristes, l’industrie de l’eau minérale, et tous les secteurs gravitant autour du tourisme sont touchés. Cette situation ne devrait malheureusement pas revenir à la normale de sitôt », a déclaré M. Dieng. L’un des principaux opposants au maintien du président au pouvoir est le Dr Faouzou Deme, membre du Réseau mondial du tourisme et récipiendaire du prix WTN Tourism Hero, qui est également chargé de cours à l’Université sur les voyages et le tourisme à Dakar. Selon lui, l’industrie du tourisme est affectée négativement par le report de l’élection présidentielle, tout comme d’autres secteurs tels que l’éducation et le commerce.
La coupure de l’internet, un coup dur pour le tourisme
« Le secteur du tourisme prospère grâce à la stabilité, à la cohésion et à la paix. Cet événement récent a le potentiel de créer des troubles, ce que nous ne voulons pas. Cela pourrait également avoir un impact négatif sur les touristes étrangers et sénégalais. Depuis la pandémie de COVID-19, nous observons un intérêt croissant des Sénégalais pour le secteur du tourisme. L’industrie du voyage et du tourisme au Sénégal s’est développée et a progressé de manière satisfaisante. Cependant, ces perturbations et ces craintes, ainsi que les mesures incohérentes mises en œuvre, entravent le développement harmonieux et durable de l’industrie du tourisme. Nous exhortons le gouvernement et les citoyens à tenir compte de près des préoccupations de ce groupe très vulnérable qui a subi d’importants préjudices et qui a actuellement besoin d’une tranquillité, d’une harmonie et d’une bienveillance immenses. » Dans un autre registre, M. Dème se dit outré par la coupure brusque de l’internet. Selon lui, cette décision a complètement bouleversé le secteur du tourisme. « Les guides touristiques dans de nombreuses zones ne peuvent utiliser que l’internet mobile. Ensuite, c’est par le biais de l’Internet qu’ils peuvent joindre les véhicules pour le transport des touristes. Cette décision fait partie d’une série de mesures impopulaires imposées par les autorités sénégalaises et qui nuisent au secteur ». Le tourisme sénégalais, un secteur qui commençait délicatement à se tenir debout, ne pouvait pas supporter une plus grande crise pour l’envoyer de nouveau à terre. Ce secteur, pourtant capable de procurer d’importantes satisfactions à l’économie nationale, peine à prendre son envol pour rivaliser avec les géants du continent, comme le Maroc, qui reçoit 10 millions de touristes par an, alors que le Sénégal peine à dépasser la barre des 750 mille.